« Le gouvernement joue peut-être le pourrissement »

Comment les salariés et leurs syndicats vont-ils réagir à la fin de non-recevoir du gouvernement ?Nécessairement mal. Entre 2 et 3 millions de personnes dans la rue et aucune conséquence tirée par le pouvoir : cela montre une surdité économico-sociale. La crise est profonde, la réponse ne peut pas être : « je ne change rien. » À moins que l'exécutif n'ait choisi le pourrissement. Dans ce cas, face à une situation qui s'aggrave, il continuerait de ne rien lâcher, provoquant des désordres dont il pourrait espérer in fine tirer parti. Ce serait très dangereux. En outre, la montée des tensions est alimentée par des affaires récentes, comme celle des stock options des dirigeants de la Société Généralecute; Générale, ou les chiffres extrêmes du bouclier fiscal. Ajouter l'injustice à la crise constitue une faute.Le gouvernement a condamné cette attitude?Il aurait été préférable qu'il prenne les devants ! De même, pour les règles concernant les chefs d'entreprises qui licencient. Il ne faut pas acculer les gens à la désespérance. Notamment chez les jeunes, qui, ne voyant aucun débouché, sont très inquiets. Je mets en garde contre ce risque.Le PS demande une relance de la consommation. Mais celle-ci ne baisse pas, selon les derniers chiffres de l'Insee. Et n'y a-t-il pas un risque de voir une consommation supplémentaire alimenter surtout les importations ?L'argument n'est pas décisif : quand l'État soutient l'investissement, il risque aussi de doper les importations de biens d'équipement. Pour être efficace, une relance doit marcher sur ses deux jambes. Prétendre soutenir la consommation en injectant 2,6 milliards d'euro, alors que celle-ci représente 1.500 milliards par an, ce n'est pas à la hauteur !Quelle devrait être l'ampleur de la relance ?Le chiffre de 3 % du PIB évoqué par le FMI me paraît approprié. On en est loin aujourd'hui.Quand François Fillon met en avant la situation du déficit public et de la dette, a-t-il complètement tort ?Des économies ou des réaffectations budgétaires intelligentes sont possibles : par exemple, suspendre la défiscalisation des heures supplémentaires ou le bouclier fiscal, conditionner les allégements de charges des entreprises à des accords salariaux. Le soutien à des secteurs stratégiques, comme le logement, les transports, l'environnement, ne se fera pas à fonds perdus, il y aura un retour sur investissement. Bref, il faut stimuler l'activité, mais cela ne signifie pas un endettement à tout va.Que faut-il faire face aux destructions d'emplois massives ?Mieux différencier les licenciements économiques, parfois inévitables, et les licenciements d'aubaine ; cesser de subventionner les heures supplémentaires, aujourd'hui destructrices d'emplois ; éviter le recul systématique de l'emploi public ; enfin, miser à la fois sur l'investissement dans les industries du futur et sur le pouvoir d'achat des personnes modestes, qui ont besoin d'être soutenues. Cela suppose un plan d'action clair : ce n'est manifestement pas le cas. nPropos recueillis par Ivan Best
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