Crédit à la consommation  :  Bercy devra jouer les équilibristes

L'objectif gouvernemental de promouvoir un crédit à la consommation « responsable » fait l'unanimité au sein des associations de défense des consommateurs et des établissements financiers. Dans la pratique, les choses se révèlent plus compliquées, et le projet de loi dédié qui devrait être examiné en Conseil des ministres le 15 avril ne satisfait personne. « C'est un projet mou. Vouloir à la fois soutenir l'économie en développant le crédit et imposer une distribution plus responsable dudit crédit revient à faire le grand écart », résume Serge Maître, président de l'Association française des usagers des banques (Afub).Les associations de consommateurs ont toujours l'espoir de muscler ce texte : les équipes de Bercy ont reçu onze listes de v?ux d'améliorations hier qui les ont obligées à repousser d'hier soir à lundi soir le délai que la ministre des Finances Christine Lagarde avait fixé pour que le texte final soit transmis au Conseil d'État. Par souci d'efficacité, les associations ont concentré leur contribution sur les moyens de renforcer la responsabilité des organismes prêteurs et de limiter le développement des crédits permanents, dits revolving, accusés de nourrir le mal endettement. Selon elles, la publicité devrait être plus précisément réglementée afin que les caractéristiques du crédit proposé soient plus claires. Elles s'accordent aussi sur la nécessité de conditionner l'obtention d'un crédit à la vérification effective des capacités de remboursement du client. « Le projet ne parle que d'?évaluer? sa solvabilité. Le prêteur ne doit pas se satisfaire de déclarations, il doit exiger des pièces justificatives », estime Cédric Musso, chargé d'études à l'UFC-Que choisir.freiner le revolvingÀ l'instar des autres associations, il regrette par ailleurs que « en l'état, le projet de loi cautionne l'absence d'offre de crédit. Le consommateur est quasi exclusivement équipé de crédit revolving ». Parmi les suggestions les mieux partagées et les plus susceptibles d'obtenir gain de cause à Bercy, figure la déliaison entre carte de fidélité et réserve d'argent. Ce lien assoit en effet la suprématie actuel du crédit revolving sur les autres formes de crédit sur les lieux de vente. « Un vendeur devrait avoir l'obligation de proposer au consommateur au moins deux types de financement différents accompagnés de simulations de remboursement », ajoute Frédérique Phrunder, chargée de mission auprès de la CLCV.Face à l'effondrement des chiffres du crédit conso, dont la production a encore chuté de 17 % en février, le gouvernement risque toutefois d'être prudent, de peur de freiner davantage l'activité. « En France, la baisse de 12 % du crédit à la consommation sur les cinq derniers mois est équivalente à une baisse de près d'un point du PIB ! », rappelle Nicolas Pécourt, responsable des études de Sofinco. Un argument que les établissements de crédit n'hésiteront pas à utiliser à bon escient lors de l'examen du projet de loi au Parlement avant l'été.
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