Xavier Darcos esquisse un lycée à la carte

C'était l'un des sujets d'inquiétude des manifestants qui ont défilé dimanche à Paris pour défendre l'éducation nationale. Xavier Darcos doit présenter ce matin la première partie de la grande réforme du lycée voulue par Nicolas Sarkozy, qui sera appliquée en classe de seconde dès la rentrée 2009. Objectif à terme : bâtir pour 2012 le nouveau lycée voulu par le chef de l'État.Concrètement, l'année scolaire ne sera plus divisée en trimestres mais en " semestres ", chacun étant dans les faits réduit à dix-sept semaines. Grande nouveauté, au coeur de la polémique, les options se présenteront désormais sous forme de " modules " semestriels de 3 heures par semaine. Une partie (21 heures) sera obligatoire, c'est le " tronc commun " ; l'autre (6 heures), optionnelle, sera composée de deux " modules exploratoires " ou d'" approfondissement " (si, par exemple, un élève veut suivre un cursus de maths renforcées) que le lycéen pourra changer d'un semestre sur l'autre. À la fin de l'année, il pourra donc avoir effectué quatre modules différents optionnels. Il bénéficiera en plus de 3 heures de soutien ou d'approfondissement. Contrairement aux rumeurs, la suppression des maths et de l'histoire-géographie du tronc commun n'est pas à l'ordre du jour. Il ne s'agissait, assure-t-on au ministère, que de pistes présentées par Jean-Paul de Gaudemar, le recteur de l'académie d'Aix-Marseille chargé de piloter la réforme. Le tronc commun comportera donc toutes les grandes disciplines actuelles (français, maths, première et deuxième langues vivantes, sport, histoire-géographie). Mais demeurent des inquiétudes pour les enseignants de certaines disciplines. Les sciences (physique-chimie, sciences de la vie et de la terre) pourraient ainsi se voir regroupées dans un même module appelé " sciences expérimentales ". Quant à l'économie, qui restera optionnelle, elle risque de se voir délaissée.SYNDICATS MECONTENTSCette architecture modulaire n'emporte pas l'adhésion des syndicats d'enseignants. À part le Sgen-CFDT et l'Unsa, la plupart s'opposent à la réforme maintenant qu'elle se précise. Le Snes-FSU a claqué la porte des négociations le 9 octobre. Même le Snalc, réputé à droite, ne cache pas son mécontentement. " On ne peut pas réformer le lycée sans réformer le collège sachant que 30 % des élèves qui entrent en seconde n'ont pas le niveau ", prévient Bernard Kuntz, son président. Pour Xavier Darcos, cette réforme doit au contraire faire baisser le taux de redoublement en seconde, qui est de 15 %, moins d'élèves devant être tentés de redoubler pour intégrer la filière de leur choix.Surtout, cette réforme pose en corollaire toute une série de questions : sur l'organisation des cours au sein de chaque établissement, du temps de travail des enseignants et à terme sur la réforme de la première et de la terminale qui prendront respectivement effet en 2010 et 2011. Selon les premières pistes, les filières (ES, L, S, etc.) seront remplacées par quatre " dominantes " : sciences, humanité et arts, sciences économiques et sociales, et technologies. Ces deux années comporteraient en tout 32 modules (16 dans le tronc commun et 16 de spécialisation dont 9 dans une des quatre dominantes) à faire valider. Ce que d'aucuns voient comme la préfiguration de l'introduction d'une dose de contrôle continu dans le baccalauréat.
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