Le PS au seuil d'un scrutin qui laissera des traces

Les partisans de Ségolène Royal misent sur une « colère » militante contre l'axe Martine Aubry-Bertrand Delanoë. Les amis de Martine Aubry pensent que le caractère « exogène » de l'ex-candidate à la présidentielle la fera battre. Benoît Hamon compte bousculer le duel féminin et s'imposer comme le leader qui tournera la page de vingt ans d'affrontements au Parti socialiste. Et le brouillard se densifie à nouveau au-dessus de la rue de Solferino, où les premiers résultats du vote sur le choix du successeur de François Hollande sont attendus cette nuit.« Arithmétiquement, ça se complique », a reconnu Ségolène Royal, qui part d'une base de 29 %, score de sa motion lors du vote des militants le 6 novembre. Mais qui se heurte au front « tout sauf Ségolène » qui s'est finalement constitué au lendemain du congrès de Reims, où aucune majorité « de synthèse » n'avait pu être dégagée. La présidente de Poitou-Charentes dénonce la coalition de l'« éternel retour », qui voit les anciens rivaux Lionel Jospin et Laurent Fabius s'unir contre elle derrière Martine Aubry. Ségolène Royal se pose, avec des accents sarkozystes, comme celle qui pratiquera la « rupture » au PS, qui changera « de fond en comble la façon de faire de la politique ». L'ancienne candidate à la présidentielle, qui a battu des records d'audience mardi soir sur Canal Plus, revendique aussi « un contact particulier avec le peuple », jouant à fond la « présidentialisation » d'un parti jusqu'ici plus chanceux dans la conquête de pouvoirs locaux que dans celle de l'Élysée. Dans l'entourage de Ségolène Royal, on espère que le score du premier tour, s'il n'est pas décisif en lui permettant d'arracher la victoire dès ce soir, sera assez proche de la barre des 50 % pour créer une dynamique pour le second tour prévu demain. Chez Martine Aubry, on se dit confiant car la maire de Lille, qui se présente en « militante » d'un parti « ancré à gauche », compte sur des réserves de voix au premier et au second tour. Il lui faudra d'abord s'imposer face à l'outsider Benoît Hamon, qui appelle les militants à rejeter une guerre des « présidentiables ».Les reports venant du camp Delanoë et la participation sont les deux inconnues majeures du scrutin. Le maire de Paris, mauvais perdant du congrès de Reims, a changé de position en vingt-quatre heures en se prononçant d'abord pour un gel de ses voix puis en appelant à voter « massivement » pour Martine Aubry. Mais ses principaux soutiens, le premier secrétaire sortant, François Hollande, ou l'ancien ministre Pierre Moscovici, n'ont pas pris publiquement position. Ce qui fait évidemment naître les suspicions de tous côtés, où l'on guette chaque ralliement venu de la motion Delanoë. Selon un « pointeur » des votes militants, une bonne partie du courant du maire de Paris pourrait se reporter sur Benoît Hamon, sur Martine Aubry mais aussi sur Ségolène Royal. Ou choisir l'abstention. Le maire de Brest, François Cuillandre, a annoncé hier qu'il voterait « blanc ». un parti fragmentéQuel que soit le premier secrétaire élu ce soir ou demain, il héritera d'un parti fragmenté, où les conflits de personnes ont atteint un niveau dramatique. Tant Ségolène Royal que Martine Aubry ont assuré qu'elles constitueraient une majorité respectant la minorité en cas de victoire. Mais un responsable du PS résume ainsi la situation : « Ségolène [Royal] continuera même si elle est battue, Bertrand [Delanoë] est amoindri, l'attelage autour de Martine [Aubry] ne tiendra pas et François [Hollande] va se refaire une santé. » Le prochain congrès est prévu fin 2010, début 2011? pour désigner le candidat à la présidentielle de 2012.
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