Le Medef étale ses divisions aux prud'hommes

PatronatUn salarié qui conteste son licenciement devant les prud'hommes, c'est banal. L'affaire prend une tout autre tournure lorsque le salarié s'appelle Jacques Creyssel, directeur général du Medef de 1997 à 2008, et que l'employeur est la principale organisation patronale française. Sauf transaction de dernière minute, les conseillers prud'homaux parisiens assisteront cet après-midi à l'étalage public de ce différend, inhabituel dans un monde patronal traditionnellement feutré.À l'origine de l'audience d'aujourd'hui, le licenciement pour faute grave, donc sans préavis ni indemnité de licenciement, de Jacques Creyssel en juillet 2008. Aux yeux du Medef, son directeur général aurait manqué de loyauté à l'égard de Laurence Parisot, la présidente de l'organisation. Au c?ur de l'affaire, l'Association entreprise et logement (AEL), créée en juillet 2007 par Étienne Guéna, à l'époque Monsieur 1 % logement du Medef, Alain Sionneau, tête de file sur les questions de logement, et Christian Baffy, alors trésorier du Medef. Chargée d'action de lobbying en faveur du logement social, AEL perçoit 2 millions d'euros annuellement au titre des fonds paritaires dédiés à la promotion du 1 % logement, grâce à une convention signée par Anne Valachs, alors secrétaire générale du Medef. Parallèlement, AEL, qui se présente comme une fédération patronale du 1 % logement, entame une procédure d'adhésion au Medef.Et c'est là que les versions divergent. Le Medef dit n'avoir rien su des activités ni des ressources d'AEL jusqu'en avril 2008. Et reproche à Jacques Creyssel d'avoir dissimulé à Laurence Parisot les actions d'Anne Valachs et d'Étienne Guéna, deux de ses proches collaborateurs. De son côté, Jacques Creyssel fera valoir cet après-midi que la présidente du Medef ne peut pas plaider l'ignorance, le comité statutaire et le comité financier de l'organisation patronale ayant donné leur feu vert à l'adhésion d'AEL.embrouillaminiÀ charge pour les conseillers prud'homaux de débroussailler cet embrouillamini. Et de décider s'ils accordent à Jacques Creyssel le 1,2 million d'euros d'indemnités qu'il demande pour licenciement abusif. À moins qu'ils ne préfèrent, comme la loi les y autorise, renvoyer la décision à un juge professionnel. Dans tous les cas, le jugement sera mis en délibéré. A. L.
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