Le Trésor joue son va-tout pour assainir les banques

Un Congrès déterminé à punir Wall Street, des opérateurs de marché outragés et suspicieux, un secrétaire au Trésor dont le départ est réclamé ou évoqué : c'est dans un contexte explosif que Timothy Geithner doit présenter cette semaine ? peut-être aujourd'hui ? sa stratégie pour isoler les actifs toxiques du système bancaire. Quelques semaines après avoir été sanctionné par les places financières, car il s'était montré incapable de détailler un mécanisme de défaisance de ces créances, le Trésor a arrêté un plan dont le succès dépendra de l'adhésion des investisseurs privés.Compte tenu de la colère du Congrès, désormais peu enclin à secourir le secteur de la finance, le plan du Trésor sera surtout financé par la Réserve fédérale et la FDIC (fonds de garantie des dépôts bancaires). Après le scandale provoqué par l'attribution de bonus chez AIG, il sera difficile d'obtenir du Capitole une rallonge au-delà des 700 milliards de dollars du plan de sauvetage financier voté à l'automne (Tarp) et pratiquement épuisé. Or, l'administration Obama entend cofinancer la reprise d'environ 1.000 milliards de dollars de créances toxiques.Trois axesLe Trésor n'a pas communiqué son plan, auquel il devrait contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars, mais ses trois axes principaux ont fait l'objet de fuites. Sa première partie repose sur la création d'une structure, gérée par la FDIC, qui offrira des prêts à faible taux d'intérêt à des investisseurs privés (capital-investissement, hedge funds?) pour reprendre des créances, notamment adossées à des crédits hypothécaires.Deuxièmement, le Trésor américain recrutera des sociétés de gestion pour diriger des partenariats public-privé afin de reprendre des crédits immobiliers en difficulté, les fonds publics avancés devant équivaloir aux contributions du privé. Pertes et profits liés à ces crédits seront ainsi accusés ou partagés par les investisseurs et l'État. Enfin, la Fed étendra les compétences du Talf, son programme lancé pour octroyer jusqu'à 1.000 milliards de dollars de prêts à des investisseurs afin qu'ils rachètent des créances adossées à des prêts à la consommation et aux PME. Désormais, le Talf pourra servir à la reprise de titres adossés à des crédits hypothécaires datant de 2005 et 2006, particulièrement illiquides.surtaxeEn intégrant le privé à ses efforts, le Trésor espère réanimer un marché pour des créances dont les investisseurs se sont détournés et ainsi régler l'épineux problème de leur valorisation. Mais en participant à des programmes fédéraux, les groupes de capital-investissement et les hedge funds craignent d'être soumis aux mêmes contraintes que les établissements renfloués dans le cadre du Tarp.Cette semaine, le Sénat se prononcera sur une surtaxe visant les bonus attribués dans les sociétés ayant perçu au moins 5 milliards de dollars de fonds du Tarp. D'après l'agence Reuters, pour ne pas décourager les investisseurs du privé, le Trésor tente de convaincre le Sénat d'adopter un texte moins restrictif que celui de la Chambre des représentants, qui a voté une surtaxe de 90 % sur ces primes.L'accueil que réservera Wall Street au plan du Trésor et à la refonte de la réglementation financière, qui doit aussi être présentée cette semaine, sera crucial pour l'avenir politique de Timothy Geithner. Fragilisé par la polémique sur les bonus chez AIG qu'il a tardivement tenté de réduire, le secrétaire au Trésor fait l'objet de rumeurs de départ. Hier, toutefois, Barack Obama a déclaré qu'il refuserait sa démission si celui-ci la lui proposait. n
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