« ? Euronext répond aux besoins des arbitragistes ? »

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vider la place financière de Paris de sa substance en déménageant vos serveurs informatiques à Londres??Je suis d'abord un peu surpris qu'on en parle aujourd'hui et qu'on présente cette information comme un scoop alors que nous discutons de ce projet avec les membres du marché et les régulateurs français depuis avril-mai. C'est un projet technique qui consiste à déplacer des serveurs pour répondre aux besoins exprimés par les arbitragistes qui pratiquent le trading algorithmique. Pour gagner quelques microsecondes dans le traitement de leurs ordres, ceux-ci exigent de pouvoir installer leurs propres ordinateurs au sein même de notre « data center » en louant des baies autrement désignées sous le nom de « cabinets ». Nos centres de Canon Bridge, à Londres, et en banlieue parisienne qui sont enserrés dans des tissus urbains denses, ne permettaient pas de les accueillir. Un nouveau centre était déjà en cours de construction? Sa présence au Royaume-Uni, dans l'Essex, répondra aux besoins des principales équipes d'arbitragistes. Ces arbitrages représentent aujourd'hui près de la moitié des ordres traités sur Nyse-Euronext.Cela remet-il en cause l'organisation de Nyse-Euronext en Europe??En aucun cas. Il n'est question dans ce projet que de machines. Et cela n'aura aucun impact sur notre organisation. Rolland Bellegarde, directeur des marchés cash européens, garde la haute main sur les actions. Depuis Paris, ce sont ses services qui assurent la surveillance du marché des actions et des obligations. Quant à l'informatique, les équipes de conception sont basées à Paris pour l'ensemble de nos marchés. Après le lancement réussi le 16 février de la plate-forme UTP pour les marchés cash européens, elles travaillent actuellement sur UTP dérivés. La plate-forme UTP sera également prochainement mise en service sur le marché américain. Ces migrations mobiliseront nos équipes parisiennes.Ce déménagement répond à la concurrence ouverte par l'entrée en vigueur de la directive européenne qui abroge la centralisation des ordres sur les Bourses historiques. Ne regrettez-vous pas de vous y être rallié??On a constaté à un moment qu'une majorité d'inspiration anglo-saxonne se dégageait en faveur de cette directive. Nous avons probablement sous-estimé qu'elle créerait des situations ne permettant plus une concurrence loyale. La plupart des nouveaux acteurs perdent de l'argent en bradant leurs prix ou bien sont recapitalisés par leurs actionnaires. Ce n'est pas le gage de marchés européens stables. Dans ce nouvel environnement, Euronext, qui a perdu 20 % de parts de marché sur ses valeurs cotées, résiste mieux que Londres ou Francfort, d'ailleurs reléguée au quatrième rang européen derrière Chi-X. Mifid mérite d'être revisitée pour permettre l'organisation d'une concurrence loyale.Propos recueillis par Christophe Tricaud
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