À quand la reprise  ?

Un mot en « R » en chasse un autre, les discours sur la reprise succédant aux prévisions catastrophiques de récession. C'est Jean-Claude Trichet, président de la banque centrale européenne, qui a ouvert le festival de petites phrases, avec une curieuse lapalissade : « nous nous rapprochons du moment où il y aura une reprise », a-t-il déclaré à la mi-mars. Pas de quoi fouetter un chat, fût-il de Francfort, s'il n'y avait aussi de petites pousses vert tendre qui apparaissent ça et là, à la surface de la planète ravinée par le passage de la tempête. Des signes de stabilisation des marchés financiers, une belle accélération des Bourses ? sans précédent aux États-Unis depuis 1930 ? quelques indicateurs favorables sur l'immobilier américain et un redémarrage des matières premières. Indubitablement, l'économie mondiale ne tombe plus comme une pierre. Et s'il y avait une vraie reprise, elle commencerait exactement comme ce que nous voyons depuis quelques semaines. Puis viendraient la reprise de l'investissement, le début de la décrue du chômage, la reprise de la consommation et la transmission à l'Europe dix-huit mois plus tard. Comme d'habitude.système convalescentCette fois-ci, pourtant, le cycle n'est pas habituel, comme l'a montré la violence de la phase baissière. Parmi les singularités, l'économie mondiale est devenue relativement synchrone, ce qui accroît les risques d'emballement à la baisse, et le système financier est encore convalescent, miné par la méfiance des acteurs qui redoutent l'insolvabilité prochaine de leurs contreparties. Le plan Geithner du 23 mars dernier, destiné à sauver les banques américaines, a certes été vigoureusement applaudi. Mais les marchés financiers approuvent ou réprouvent sans avoir la moindre idée de l'efficacité du plan, proprement imprévisible.Un fait est probable : la synchronie, qui a produit ses effets désastreux en période de chute, pourrait au contraire accélérer le retour de la confiance, en entraînant toutes les régions de la planète. Restera une question importante quand le système financier sera stabilisé : le consommateur américain, seul soutien solide de la croissance mondiale, reprendra-t-il ses achats et son endettement effréné ? Sans ce relais, la reprise ne serait que reprisette. n
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