La « Chinamérique » fait son sommet

En arrivant à Washington aujourd'hui, pour participer à deux jours de discussions de haut niveau dans le cadre du « dialogue stratégique et économique » sino-américain, les responsables chinois auront certainement à l'esprit ces mots de Hillary Clinton, la secrétaire d'État américaine, prononcés en février dernier : « Notre relation avec la Chine sera la relation bilatérale la plus importante du monde dans ce siècle. » Une phrase qui a semé le trouble dans les grandes capitales, où l'on redoute un monde dominé par le couple « Chinamérique », surnommé le « G2 ». D'autant que les autres enceintes internationales sont soit dépassées par la montée en puissance des pays émergents, comme le G8, ou peinent à faire la preuve de leur efficacité, à l'instar du G20.Quasi inexistants en 1980, les échanges commerciaux entre le géant américain et l'empire du Milieu ont crû très rapidement, pour atteindre 409 milliards de dollars en 2008. La Chine s'est imposée comme le premier exportateur vers les États-Unis avec 338 milliards de dollars de biens vendus, creusant le déficit commercial de l'Oncle Sam (266 milliards de dollars en 2008). Elle est surtout devenue le premier créancier des États-Unis, avec un stock de 764 milliards de dollars de bons du Trésor.Pour maintenir son niveau élevé de consommation, l'Amérique s'est laissée entraîner dans la spirale de l'endettement. Ce château de cartes n'a tenu que grâce à la Chine et ses énormes réserves de change (les premières du monde) que lui procurent ses excédents commerciaux, aussitôt réinvestis dans la dette américaine. « Une véritable symbiose monétaire et commerciale », ironise François Godement, directeur stratégique d'Asia Centre.fonder un nouveau pacteMais Pékin finit par se lasser. La volatilité du billet vert menace la pérennité de ses avoirs. Résultat, la Chine envisage ouvertement de diversifier ses réserves, fragilisant un peu plus le dollar, et milite pour que celui-ci soit remplacé par une nouvelle monnaie de réserve internationale, sous l'égide du Fonds monétaire international. Pour Pékin et Washington, l'heure est donc venue de fonder un nouveau pacte. La crise, née des déséquilibres économiques induits par la dépendance sino-américaine, a précipité le constat. Mais les divergences économiques entre les deux pays ne se limitent pas à la question monétaire, comme l'illustre la multiplication des litiges commerciaux. Pour François Godement, « la pression américaine, longtemps focalisée sur la question du yuan, s'est déplacée sur les terrains commercial et de l'emploi ». Reste à savoir combien de temps Pékin et Washington mettront pour délier leurs liens. n« Une véritable symbiose monétaire et commerciale », ironise François Godement, directeur stratégique, d'Asia Centre.
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