On le présente souvent comme un redresseur d'usines. Gilles ...

On le présente souvent comme un redresseur d'usines. Gilles Michel trouve cela réducteur. « Bien sûr, je l'ai été au moins deux fois dans des situations industrielles difficiles où on est arrivé à redresser la situation. Ce sont des événements marquants dans une vie. Mais j'ai aussi eu des phases de développement? », précise le directeur général du Fonds stratégique d'investissement (FSI). Avec un budget de 20 milliards d'euros, ce mini-fonds souverain représente « un vrai challenge » pour ce Marseillais de 53 ans.Son expérience dans l'industrie lui a permis de faire la différence avec quelques hauts fonctionnaires et autant de banquiers à l'heure des nominations. « ça a été immédiatement lui parce qu'il représentait un peu tout ce qu'on cherchait à la fois : quelqu'un qui était de grande renommée industrielle, qui était capable d'avoir un sens de l'investissement et de l'intérêt général », explique Patricia Barbizet, la DG d'Artémis et présidente du comité d'investissement du FSI. De même que son parcours. Cet Ensea diplômé de Sciences po a commencé par croiser à l'X deux autres futurs constructeurs, Carlos Ghosn et Patrick Pélata. Enseignant, intéressé par l'économie du développement et la politique industrielle, il rejoint en 1982 la Banque mondiale, à Washington. Mais refusant de devenir un « apparatchik international », il décide de s'orienter vers l'opérationnel : « C'est là où j'ai trouvé ma voie. » Il frappe à la porte du groupe Saint-Gobain : « On me proposait ce que je cherchais : aller sur le terrain, en usine, dans l'industrie, la vraie. » Direction, le sud de la France, au Pontet, comme responsable d'usine et, après un crochet à la tête de la branche céramique, les États-Unis à? Indianapolis. « Il a fallu rester calme et déterminé ! » sourit l'intéressé parti avec femme et enfants prendre la tête d'une filiale, Ball Foster Glass, en pleine tempête.Pierre-André de Chalendar, l'actuel patron de Saint-Gobain, qui a partagé cette aventure américaine, l'assure : « Dans des circonstances difficiles, on apprend plus vite que quand tout va bien. » Après quinze ans dans le même groupe, Gilles Michel rejoint PSA en 2001 comme directeur techniques et achats. « On était un peu nombreux autour de la table? », avance-t-il pour justifier son départ. Ironie de l'histoire, chez PSA Peugeot-Citroën, il se fera à nouveau coiffer sur le poteau par Christian Streiff, venu lui aussi de Saint-Gobain. Sa nomination au FSI, il la vit comme un nouveau défi. « Le 4 janvier, je me suis retrouvé tout seul dans un joli bureau, certes, mais avec un téléphone portable, 20 milliards de fonds propres à venir et beaucoup d'attentes? »Cet aventurier balaie d'un revers de main le rêve qu'on lui prête de devenir PDG d'une entreprise du CAC 40 « C'est ce qu'on dit, mais ce n'est pas ce que j'ai dit, moi. » Au FSI, il veut faire primer « le côté terrain ». « Même si nous sommes un fonds d'investissement, ce qui compte c'est l'entreprise elle-même. C'est celle-là qu'il convient de comprendre. » Avec plus de 90  dossiers ouverts, il va peut-être falloir que Gilles Michel ronge son frein? « C'est quelqu'un qui prend des décisions difficiles pratiquement toujours avec le sourire, et donc une grande élégance », dit encore de lui Pierre-André de Chalendar. Flegmatique ? « Il m'arrive de me départir de mon calme. C'est assez mauvais signe? On va le dire comme ça », précise l'intéressé... en souriant.Tatiana Renard-Barzach
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