La volatilité profite au yen et au dollar

Propulsée par une aversion au risque extrême, la devise japonaise vole de records en records. Face au dollar, le yen a touché vendredi son plus haut niveau de ces treize dernières années à 90,93. Face à l'euro, le mouvement est encore plus spectaculaire puisqu'en un peu plus de trois mois l'euro a perdu un tiers de sa valeur par rapport au yen. Hier, la devise japonaise s'est hissée à un nouveau plus-haut depuis près de six ans, à 113,64.Les raisons de cette envolée commencent à être bien connues. Contrairement à ces dernières années, ce ne sont plus les perspectives de croissance, ni les écarts anticipés de taux d'intérêt, partout orientés à la baisse, qui dirigent les monnaies. Mais bien la réduction généralisée du levier d'endettement, conséquence directe de l'envolée de l'aversion au risque.Le phénomène s'auto-entretient. « Avec la hausse de la volatilité des devises, la stratégie de portage qui consiste à acheter des devises à rendement élevé et à vendre des devises aux rendements moins élevés a perdu tout son intérêt avec la remise en cause des espérances de rendement ajustées du risque », expliquent les stratégistes de marché de JP Morgan Asset Management. La volatilité implicite sur les devises a en effet atteint un niveau encore plus élevé que lors de la crise d'octobre 1998, lorsque la Russie a fait défaut, ou d'octobre 1992 peu après la sortie de la livre sterling du SME. Lundi matin, le G7 s'est officiellement « inquiété de la volatilité excessive du yen ». Mais la déclaration a été superbement ignorée par les cambistes. efficacité non garantieEn effet, le G7 n'a pas menacé le marché des changes d'une intervention concertée ? plus tard dans la journée, Christine Lagarde a d'ailleurs confirmé qu'il n'en avait aucunement l'intention ?, et beaucoup soupçonnent le Japon d'avoir arraché cette déclaration de mauvaise grâce à ses partenaires. Si le Japon recommence à intervenir pour freiner la hausse de sa devise ? ce qu'elle n'a pas fait depuis 2004 ?, ce sera donc seul et rien ne garantit l'efficacité de cette résistance. Lundi, la banque de réserve australienne est intervenue pour soutenir le dollar australien. En vain, puisque celui-ci a continué à plonger face au yen et au dollar américain. Ce dernier continue à profiter de son statut de monnaie de réserve, qui en fait une valeur refuge extrêmement recherchée en cette période troublée, et ce, même si la croissance américaine est en berne ? la première estimation du PIB du troisième trimestre est attendue en recul jeudi ? et si la Fed devrait abaisser son taux directeur mercredi. « Les taux de change des monnaies à faible taux d'intérêt et du dollar sont liés au plus ou moins grand optimisme des marchés financiers », confirment les économistes de Natixis.Portée par le rapatriement des capitaux qui avaient été placés sur les marchés émergents, la devise américaine s'est encore renforcée hier?: l'indice pondéré du dollar a atteint son plus haut niveau en deux ans et l'euro, qui avait déjà perdu 6 % la semaine dernière, est descendu jusqu'à 1,2334 en milieu de matinée.
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