Entreprises et mères  : le malentendu

Cantonnées à certains métiers et mal représentées dans les postes de direction, les femmes continuent d'être victimes de discrimination. Alors que 75 % des tâches domestiques leur incombent, certaines sont tentées de mettre leur carrière entre parenthèses. Les Français l'ont bien compris : selon le sondage réalisé pour l'Orse, 81 % des Français estiment que les femmes pourraient plus facilement faire carrière si les hommes s'investissaient davantage dans les activités domestiques et familiales. Pour Rachel Silvéra, économiste, « la recherche de solutions face à des changements d'horaires imprévus ou les problèmes d'enfants malades restent l'affaire des femmes. Mobiliser les pères est plus qu'urgent ». De son côté, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, s'insurge : « C'est bien beau de dire que les grands magasins sont ouverts jusqu'à 22?h?30, mais qu'est-ce que ça implique du point de vue de l'équilibre familial ? Beaucoup de femmes doivent prendre une nounou et trouver un système pour ne pas rentrer tard le soir. » « Les entreprises devraient faire preuve de souplesse dans l'organisation du travail et être vigilantes sur les progressions de carrière des femmes », estime Laurence Danon, présidente de la commission nouvelles générations au Medef. En effet, la maternité est souvent un frein à leur évolution professionnelle. « Les dirigeants, bien que conscients d'avoir des jeunes femmes diplômées et compétentes, craignent qu'elles ne soient pas assez présentes dès lors qu'elles sont susceptibles d'avoir des enfants. On se gargarise d'un taux de fécondité de 2 % ? un record en Europe ? sans prendre en compte que cela implique une indisponibilité des mères pendant un temps donn頻, s'indigne Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC. Mercedes Erra, PDG de BETC Euro-RSCG, fustige toutefois des congés maternité trop longs. « Les femmes ont une pression pour s'arrêter quand elles sont enceintes. L'enfant est la responsabilité des deux êtres qui l'ont conçu. Avec une mère survalorisée d'un côté et un père absent de l'autre, nous n'avons pas les bons équilibres. » Toutes les organisations internationales affirment pourtant que la participation équilibrée des hommes et des femmes à la vie professionnelle est nécessaire à un développement harmonieux de la société. C'est la raison pour laquelle l'État fait preuve de volontarisme. Les entreprises de plus de 50 salariés sont obligées d'établir des rapports de situation comparés entre hommes et femmes. Et si des inégalités salariales persistent d'ici à 2010, les employeurs seront passibles de sanctions financières ! A. W.
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