Une chute de 40 % du S&P 500 à redouter

certes, Quatre hirondelles valent mieux qu'une, mais le vol en escadrille ne garantit pas plus le printemps qu'une apparition isolée du volatile. C'est pourquoi, même au vu d'une série de quatre hausses du S&P 500 (d'où un regain de 18 % de l'indice américain, même pas entamé par les prises de bénéfices à la veille de Thanksgiving), les coresponsables de la stratégie mondiale de Société Générale, Albert Edwards et James Montier, ne se départissent pas du pessimisme qui les anime depuis des mois. Leur objectif pour l'indice phare de la gestion américaine, sans cesse réaffirmé depuis la mi-septembre ? et confirmé hier à « La Tribune », ? est à 500 points ! C'est donc encore une chute de plus de 40 % à laquelle les investisseurs en actions sont exposés? À quelle échéance touchera-t-on le fond ? Les transfuges de la stratégie de Dresdner Kleinworth, passés à la Société Générale en novembre 2007, sont plus prudents : « Tout dépendra des mesures de stimulation de l'économie », livre seulement Albert Edwards, qui rappelait dans une de ses dernières notes que ceux qui croient que les actions atteindront le point d'inflexion avant l'économie s'exposent à de fortes désillusions. Il faut donc observer patiemment la dégradation des indicateurs avancés de l'économie américaine qui montrent que les investisseurs n'ont pas encore pris conscience de la tournure que prendront les événements l'année prochaine. remontée du chômageLes stratèges de la Société Générale tiennent pour acquis une remontée du chômage aux États-Unis et en Grande-Bretagne au-dessus des 10 % : « Un seuil qui risque d'affecter la structure même de notre société. » Quant au plancher des indices boursiers, certains signes ne doivent pas être mal interprétés. Ainsi, le rendement des actions de l'indice S&P 500 qui est redevenu la semaine dernière supérieur à celui des obligations à 10 ans ne traduit à leurs yeux qu'un retour à la normale [voir graphique] après une éclipse de près de cinquante ans qui a connu un paradigme inversé [voir graphique sur la période 1870-1959]. « Ce retour à la normale sera conforté dans les prochains mois par la poursuite de la baisse de l'inflation de base (hors énergie et alimentation) », insiste Albert Edwards. Ce scénario, qui fait la part belle à une inflation sous contrôle, n'amène pas nos stratèges (classés numéro un pour les cinq dernières années par l'étude Thomson Extel) à ignorer les risques liés à l'explosion des déficits budgétaires des États ? Albert Edwards, par plaisanterie, aime à sortir de son portefeuille un fac-similé d'un billet de 100 millions de dollars qui pourrait voir le jour en cas de naufrage du billet vert. James Montier, de son côté, adhère aux critiques d'Angela Merkel, la chancelière allemande, qui dénonce la « monnaie de singe » avec laquelle les Américains entendent payer leur soutien à l'économie. Albert Edwards ajoute que, dans les semaines à venir, la moitié des 1.300 milliards d'augmentation récente du bilan de la Réserve fédérale qui ont été stérilisés par l'émission de bons à court terme seront comme le solde financé par la seule « planche à billet » : « La Fed doublera ainsi son offre de monnaie confetti. » Mais c'est le danger de la déflation qui inquiète le plus les deux hommes, qui tirent la sonnette d'alarme en déclarant : « Nous devenons tous des Japonais. » C. Tricaud
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