Concurrencée sur son propre marché, la Bourse de Londres contre-attaque

Exergue Guillemetopérateur boursierLa rentrée s'annonce chargée pour Xavier Rolet. Le directeur de la Bourse de Londres prépare sa nouvelle stratégie, dont l'annonce doit être faite fin septembre. Dans une interview à « La Tribune », il ne cache pas l'ampleur des difficultés : « La Bourse de Londres n'est pas dans une position stratégiquement facile. Il y a beaucoup de défis à relever. »Au c?ur du problème, selon lui, se trouvent les tarifs des Bourses. « Il y a eu une période où les Bourses ont imposé des prix beaucoup trop élevés, en utilisant leur situation de monopole pour en tirer des gains financiers exagérés. Les clients ont dit que cela ne leur convenait pas et ils ont créé des plates-formes rivales. » Les clients, Xavier Rolet les connaît : il en fut un pendant presque trente ans lorsqu'il travaillait pour plusieurs grandes banques d'investissement, la dernière en date étant Lehman Brothers.C'est à cause de ces abus des Bourses que des législations aux États-Unis d'abord, puis en Europe (avec la directive Marchés d'instruments financiers), ont mis fin au monopole des Bourses, permettant l'émergence des « MTF » (« multilateral trading facilities »). En pratiquant des prix moins élevés, ces plates-formes alternatives ont largement entamé la domination des Bourses historiques. Chi-X concentre d'ores et déjà un peu plus de 20 % des montants échangés sur l'indice Footsie. Turquoise tourne autour de 8 % et Bats Europe de 4,5 %.Dans ces conditions, l'objectif de Xavier Rolet est de « réaligner les intérêts [de la Bourse] avec ceux des banques, en délivrant des plates-formes beaucoup moins coûteuses et plus efficaces, afin d'augmenter significativement les volumes ». La recherche d'un nouvel outil technologique de négociation serait bien avancée. Pour lui, les Bourses européennes dans leur ensemble manquent de liquidités. « L'Europe, c'est 31?% du PIB mondial et les États-Unis 27?% ; mais le volume journalier en actions en Europe est de 25 milliards à 30 milliards, contre 300 milliards aux États-Unis. Il y a en Europe un problème de coûts trop élevés des services financiers. Cela vient des Bourses, des sociétés de contrepartie, des dépositaires? »Dès mardi, le LSE appliquera une nouvelle grille tarifaire pour offrir d'importantes ristournes à ceux qui réalisent des volumes d'activité conséquents. Nul doute que les équipes du LSE surveilleront dans les jours prochains l'évolution de leur part de marché comme le lait sur le feu. Car Bats a décidé de passer à l'offensive, en offrant en septembre des tarifs fort attractifs sur les valeurs de l'indice Footsie 100. L'ordre placé dans le carnet dans l'attente d'un intérêt contraire sera ainsi rémunéré à 0,004?% contre 0,002 % actuellement.trop de fragmentation Un mode de tarification que le LSE a décidé d'abandonner. Mieux, les clients de Bats dont l'activité journalière moyenne excédera 50 millions de livres sterling profiteront de la gratuité pour leurs ordres puisant dans le carnet. Et pour couronner le tout, Chi-X se propose de réduire la facture des intervenants dont l'activité en septembre sera le double des montants traités sur les trois mois précédents. Pour le nouvel homme fort du LSE, cette concurrence accrue n'est pas sans danger. « S'il y a trop de fragmentation, ce qui est en train de se passer, il devient très difficile pour les investisseurs de contrôler la qualité de l'exécution et d'assurer la transparence. » À Xavier Rolet maintenant de convaincre ses clients. éric Albert, à Londre
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