Le modèle allemand en question

La télévision publique allemande a tout pour être un modèle. Traumatisée par l'expérience hitlérienne et par le contre-exemple de la RDA, l'Allemagne fédérale a fait de l'indépendance politique de ses médias publics un principe de fonctionnement de la démocratie, inscrit dans sa Constitution. Depuis l'échec devant la cour constitutionnelle de la tentative du chancelier Adenauer de créer une chaîne directement dépendante de l'État fédéral en 1961, les politiques ne s'y frottent plus. Il est vrai que l'incroyable complexité de l'organisation de la télévision publique limite leur capacité d'intervention. L'ARD est ainsi un « partenariat » entre neuf établissements, dont un seul dépend du pouvoir fédéral. Les autres sont des médias régionaux, dépendant d'un ou plusieurs Länder qui produisent eux-mêmes leurs chaînes et leurs radios. Tous contribuent aux chaînes communes de l'ARD, dont la « première chaîne », Das Erste. La ZDF, elle, est indépendante d'ARD, mais elle est dirigée par un conseil de 77 représentants des Länder, du pouvoir fédéral, des partis et des Églises?Autre pilier de cette indépendance?: le financement. Au c?ur de celui-ci, la redevance représente les trois quarts des revenus de l'audiovisuel public. Le solde est représenté par des partenariats et par la publicité. Cette dernière ne représente cependant plus que 3 % environ des recettes, car elle est très encadrée. Depuis 1961, elle est interdite après 20 heures et les jours fériés et limitée à 20 minutes quotidiennes. Mais les finances publiques n'ont jamais compensé le recul des recettes publicitaires. C'est la redevance qui a pris le relais, avec une augmentation de 21 % en huit ans. Là encore, les politiques n'ont guère leur mot à dire.C'est une commission indépendante, la KEF, qui établit le niveau de la redevance au regard des besoins des médias publics. En 2005, les Länder, chargés de donner force de loi aux propositions de la KEF, avaient modéré l'augmentation proposée, se présentant en défenseurs du pouvoir d'achat. Mais, en 2007, la Cour constitutionnelle a cassé cette décision?: au nom de l'indépendance des médias, les Länder doivent suivre les recommandations de la KEF, sans discuter.Ce modèle d'indépendance n'échappe pourtant pas aux critiques. Les médias privés estiment que le financement mixte (redevance et publicité) des chaînes publiques représente une « distorsion de concurrence », notamment dans le cas des sites Internet d'information. Ils ont donc porté l'affaire devant Bruxelles où ils ont reçu un accueil favorable. Au point que la question d'un financement unique par la redevance est désormais posée. Début décembre, un représentant du Land de Rhénanie-Palatinat a estimé que les revenus de la redevance pouvaient suffire à faire vivre les médias publics dont le rôle « n'est pas de faire la course à l'audience » avec les médias privés. Il est vrai que, malgré la faiblesse des recettes publicitaires, la qualité des programmes publics est souvent contestée. Cet automne, le « pape » de la critique littéraire, Marcel Reich-Ranicki a provoqué un débat sur le sujet en refusant en direct un prix, scandalisé par le niveau du spectacle proposé. Comme quoi, l'indépendance ne suffit pas toujours à garantir la qualité des programmes. nLa ZDF, l'ARD (8 chaînes régionales ; les « troisièmes chaînes ») et du programme fédéral Deutsche Welle, Das Esrte, les chaînes Phoenix et Ki.Ka (avec la ZDF), 3Sat et Arte et deux stations de radio.Audience?: 39,5 %.Budget?: 8,207 milliards d'euros, avec une redevance de 204,36 euros.Effectif?: 30.100. C'est une commission indépendante qui établit le niveau de la redevance.
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