Les ONG ne pourront plus récupérer les médicaments

A ux yeux d'Olivier Laurent, coordinateur de l'association Pharmacie Humanitaire Internationale (PHI) pour l'Hérault, c'est une « catastrophe ». « Les médicaments collectés dans notre département bénéficiaient à 150.000 personnes en France et à l'étranger », souligne-t-il. Or, dès demain, les médicaments non utilisés (MNU) collectés en France ne pourront plus être redistibués à des fins humanitaires. C'est le résultat de la transposition en droit français d'une directive européenne de 2007. La collecte dans les officines continuera d'être assurée par l'association Cyclamed, financée par l'industrie pharmaceutique. Mais la structure, souvent décriée (lire encadré), ne sera chargée désormais que de « valoriser des déchets à des fins énergétiques », c'est-à-dire de les incinérer. « Cette réforme ne changera pas grand-chose pour nous, car seuls 2 % des médicaments collectés ? ceux non périmés ? étaient fournis aux ONG », indique à « La Tribune » le président de Cyclamed, Thierry Moreau-Defarges. Le changement est en revanche drastique pour les associations, qui récupéraient, triaient et redistribuaient en France et à l'étranger quelque 250 tonnes de MNU par an. Dans l'Hexagone, les autorités de santé ont trouvé une solution via l'association PHI ? issue, ironie de l'histoire, de la scission d'avec l'ONG Pharmaciens sans frontières sur la question du recours aux MNU, auquel seul PHI était favorable. L'association aura en charge l'approvisionnement en médicaments auprès de centrales d'achats dédiées et la distribution auprès des centres de soins des associations homologuées. « Un budget de 3 millions d'euros nous a été alloué, qui repose sur une liste de médicaments arrêtée en fonction des premiers besoins des populations, et constituée essentiellement de génériques », explique le président de PHI, Jean-Marc Merle. Si certains craignent une limitation de l'accès aux médicaments récents, non génériqués, la plupart des associations se satisfont de cette organisation et de ce budget, à l'image de Médecins du monde, qui soigne 50.000 personnes dans en France.L'international non régléEn revanche, le volet international de la réforme, géré par le ministère des Affaires étrangères, n'est pas réglé. « à ce jour, aucune solution alternative n'a été trouvée », s'insurge l'Ordre de Malte, l'une des principales associations bénéficiaires des MNU à l'étranger. Au ministère, personne n'était hier joignable pour commenter l'avancée des discussions. Quant au ministère de la Santé, il se borne à évoquer la possibilité de « demandes de subventions pour des projets comportant une composante « dons de médicaments ». La situation ne satisfait pas l'Ordre de Malte, qui dit soigner près d'un million de personnes hors de France (Afrique, Moyen-Orient?) grâce aux MNU. « Il nous faut 1,8 à 2 millions d'euros pour pouvoir acheter les médicaments que nous ne collecterons plus », expliquent ses dirigeants.Toutes les ONG ne sont cependant pas de cet avis. Pharmaciens sans frontières a « cessé depuis quinze ans le recours aux MNU, qui ne garantissaient pas la qualité des médicaments ».
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