Quelle "impulsion" ?

Les Français ont exprimé dimanche un rejet de la politique gouvernementale autant que leur désaccord avec le projet de constitution européenne. Pour répondre à la question posée, il aurait fallu que les électeurs aient l'esprit suffisamment libéré des difficultés de la vie quotidienne qui touchent leur famille et leur entourage. Mais lorsque le chômage frappe un adulte sur dix et un jeune sur quatre, quand toutes les politiques de l'emploi testées depuis un quart de siècle se sont montrées incapables de procurer un emploi à tous ceux qui aspirent à vivre de leur travail, comment reprocher à une nation d'avoir perdu la foi ? Les Français réclament un changement de politique et, très logiquement, des hommes qui incarnent et conduisent la politique en France. Le "non" au référendum est aussi, les analystes de l'opinion le disent, l'expression d'un ras-le-bol porteur d'une troisième exigence, que la façon de gouverner la France change elle aussi. Au soir de son élection de mai 2002, Jacques Chirac avait confié aux Français : "J'ai compris votre appel pour que la politique change." Depuis, le président de la République et la classe politique n'ont eu de cesse d'oublier cette promesse. Résultat, la crise de confiance entre le pays légal et le pays réel n'a jamais été aussi profonde. Autant dire que "l'impulsion nouvelle" promise par le chef de l'Etat ne sera pas cette fois prise pour argent comptant. Quelle impulsion, d'abord ? S'agit-il d'amorcer un "virage social" ? Mais comment ignorer que le système français est déjà, et de loin, l'un des plus protecteurs du monde sauf contre... le chômage. Comment imaginer que faire encore "plus de social" guérirait les maux qui ont résisté à tous les traitements déjà essayés ? Pour en sortir, le moment n'est-il pas venu d'imaginer autre chose ? Mais quoi ? Le ministre de l'Intérieur connu pour son sens du dévouement et sa cote d'amour à l'Elysée a-t-il dans sa poche une recette inédite ? Son voisin, le président de l'UMP, lui, a un projet. Qui n'a jamais été essayé dans notre pays mais qui a produit des résultats ailleurs en Europe. Inconvénient, le plan Sarkozy n'est pas soluble dans la France du "non". Continuité ou innovation, le choix est lourd de conséquences. A moins que Jacques Chirac choisisse... de ne pas choisir.
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