La bataille de l'information économique et financière vient de commencer sur les petits écrans américains. Le 29 décembre, CNN a lancé de New York sa petite soeur entièrement consacrée au business, CNN Financial News (CNNfn). De quoi, pour le moins, agacer la chaîne câblée CNBC (Consumer News and Business Cannel, filiale de la télévision grand public NBC), qui, jusqu'à présent, détenait le monopole dans cette niche. Une chaîne dont le slogan clame sur tous les tons son rôle de pionnier : « Les premiers à annoncer une affaire, les premiers à en discuter. » Et comme un malheur n'arrive jamais seul, d'autres concurrents pointent à l'horizon. Telle la télévision Bloomberg, réalisée par l'agence d'informations financières du même nom. Bloomberg tente d'élargir son audience en diffusant ses journaux sur le câble USA Network de 5 à 7 heures du matin. Les groupes Dow Jones et ITT qui viennent d'acheter une station à New York, promettent aussi pour le printemps un mélange d'informations financières et sportives. Dow Jones, la maison mère du prestigieux Wall Street Journal, n'entend pas se cantonner à New York et espère exporter sa formule vers d'au- tres stations. Le créneau de l'in- formation financière sera bien- tôt très occupé. Pourtant, si l'on en croit les experts unanimes, la niche n'est guère extensible. « Il n'y a pas de place pour deux chaînes, si elles font la même chose », explique Dennis Mc Alpine, analyste de la charge Josephtal Lyon Ross. CNBC, lancée en 1989, a eu bien du mal à atteindre une audience de 56,2 millions de téléspectateurs. Et à élargir sa base quasi captive d'abonnés : les professionnels des bureaux, et des sociétés de Bourse, obligés de suivre en direct l'évolution de Wall Street. « Empêcher CNBC de voler les auditeurs de CNN » Pour creuser son propre sillon, CNNfn devra montrer sa différence. La publicité développée par le groupe de Ted Turner souligne l'aspect simple et concret de la chaîne : « Parfaite pour les Tom, Dick et Mary »(les Américains moyens), désireux d'écouter une information abordable. Les spécialistes restent pourtant dubitatifs. Ted Turner ne les a pas convaincus. Alors pourquoi, malgré tout, se lancer dans l'aventure ? « Turner veut arrêter la concurrence, empêcher CNBC de voler les auditeurs de CNN », juge Porter Bibb, de Ladenburg Thalmann. En plus, l'offensive ne coûte pas cher. « Pour lancer CNN, il a fallu 150 millions de dollars, poursuit Porter Bibb. Pour CNNfn on se contentera d'une quinzaine de millions. » Les journalistes de CNN passent d'un studio à l'autre. Et l'actuelle équipe de commerciaux de CNN offre maintenant un couplage publicitaire. Enfin, la petite dernière peut compter sur le soutien de puissants parrains : Time Warner et TCI, les actionnaires de Turner, contrôlent 80 % du câble. CNNfn n'aura pas à jouer des coudes pour trouver sa place sur le très encombré réseau câblé. Caroline TALBOT, à New York.

latribune.fr

26 Sept 2008, 1:12

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