La filiale française à la veille de nouvelles restructurations

Avec le départ d'Enrico Pesatori, Didier Ruffat, le patron de Digital France, vient de perdre son plus sûr soutien au sein de la direction de la maison mère américaine. Amis de longue date (les deux hommes se sont connus chez Bull), c'est Enrico Pesatori qui a fait sortir de sa retraite, l'an dernier, Didier Ruffat, pour reprendre en main la filiale française empêtrée dans ses difficultés. Des problèmes toujours d'actualité qui ont le don d'énerver les dirigeants américains impatients de voir les activités françaises remises à flot. Ce départ tombe d'autant plus mal pour Didier Ruffat que celui-ci prépare un nouveau plan de restructurations, rendu nécessaire par les contre-performances enregistrées une nouvelle fois au cours de l'exercice 1995-1996. Selon nos informations, le chiffre d'affaires de la filiale française serait resté, à fin juin 1996, à son niveau de l'année précédente (environ 2,8 milliards de francs), alors que l'entreprise tablait en début d'exercice sur un objectif de 3,4 milliards de francs. Connues depuis la fin du deuxième trimestre fiscal, ces difficultés ont obligé Didier Ruffat à revenir sur le plan d'action qu'il avait présenté à ses salariés au cours de l'automne 1995 et qui prônait une croissance rapide de l'activité. Selon ce plan, le chiffre d'affaires aurait dû atteindre les 5 milliards de francs fin 1998 et le ratio vente par salarié se serait alors élevé à 2,5 millions de francs. Pour faire face à l'évolution contraire de l'activité, le patron de Digital France a lancé, durant le premier semestre, un vaste audit confié au cabinet Mc Kinsey. Les premières conclusions de cette étude ont déjà été présentées à Bob Palmer début juin. Le rapport proposait trois solutions : la fermeture pure et simple de la filiale française, une croissance soutenue de l'activité d'ici à 1998, une croissance faible accompagnée d'une réduction des effectifs. Selon un élu du personnel, les deux premiers scénarios, totalement irréalisables, n'auraient été inclus dans ce rapport que pour mieux convaincre Bob Palmer à choisir la troisième voie, souhaitée par Didier Ruffat. Comme l'accord sur le gel de l'emploi signé fin 1994 est venu à échéance à la fin du mois de juin, Digital France s'apprête donc à subir un nouveau plan de restructuration, qui devrait être dévoilé en septembre. A moins que la maison mère américaine n'impose une accélération du processus : Didier Ruffat doit en effet revoir Bob Palmer à la mi-juillet pour lui présenter ce plan. De source syndicale, ce sont entre 700 et 800 emplois qui pourraient être supprimés, sur un effectif global de 2.300 salariés. Des chiffres dont Digital France démentait hier l'existence : « En France aucune projection chiffrée n'a de réalisme tant que les plans de redéploiement actuellement à l'étude pour chaque activité ne sont pas finalisés. » Le refus des syndicats Selon des élus du personnel, des négociations sont déjà en cours pour étudier les mesures d'économies. D'ailleurs, tous les syndicats se sont mis d'accord pour refuser le scénario concocté par Digital France et pour appeler le personnel à de nouvelles actions. Les activités les plus touchées par les restructurations seraient la maintenance et l'intégration de systèmes. Thierry Gadault
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