Vilvorde : le gouvernement met en avant l'amélioration du plan social

Devant faire face à une levée de boucliers sur la fermeture de Renault-Vilvorde, tant de la part de l'opposition qu'au sein de sa majorité, le gouvernement a insisté sur le « devoir de réindustrialisation du site » et le « plan social exceptionnel ». Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, a voulu rassurer : « II faut que Renault soit à la hauteur de ce qu'est cette grande entreprise et mette en oeuvre un plan social réel. » Et dès hier après-midi, avant même que le plan en question ne soit bouclé, Renault apportait des précisions. Le groupe soulignait que les effectifs actuels du site d'outre-Quiévrain n'étaient plus que de 2.900 personnes, et non plus de 3.100 comme lors de l'annonce de la fermeture, fin février. Sur ce total, 200 personnes ont plus de cinquante-deux ans, l'âge qui ouvre droit à des pré-pensions selon la loi belge. «150 salariés pourraient trouver un emploi dans la filiale transport de Renault, CAT, dès cette année, et 150 dans une autre activité automobile l'an prochain. 210 postes d'ouvriers sont, par ailleurs, disponibles dans les usines françaises de Renault, auxquels il faut ajouter 62 postes d'employés, techniciens ou cadres. Hors du groupe, 200 emplois sont susceptibles d'être proposés chez un fournisseur à Anvers et 30 autres à des techniciens ou ingénieurs, au Luxembourg », expliquait-on au siège de la firme au losange, à Boulogne-Billancourt. Soit, à ce stade, 800 reclassements possibles et 200 départs. Polémique. Mais il en faudrait plus pour éteindre la polémique qui enfle autour de l'usine Renault de Vilvorde. Après la confirmation, samedi, de la fermeture du site belge, suite à la remise du rapport d'expertise de Danielle Kaisergruber, hommes politiques et syndicalistes n'en finissent pas de s'indigner. Les promesses du candidat Lionel Jospin ont en effet généré trop d'espoirs - réels ou politiquement simulés ! François Hollande, premier secrétaire délégué et porte-parole du PS, a affirmé, hier, que les socialistes étaient « naturellement déçus », soulignant toutefois que, « grâce à l'intervention du gouvernement, le plan social a été très sensiblement amélioré ». Lionel Jospin doit s'exprimer aujourd'hui devant le groupe à l'Assemblée. Claude Estier, président du groupe socialiste au Sénat, a jugé « déplorable » la confirmation de la fermeture de Vilvorde, tout en estimant qu'on ne pouvait mettre en accusation le Premier ministre dans cette affaire. Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, a écrit de son côté à Lionel Jospin pour lui dire que « l'annonce de la décision de la direction de Renault [suscitait]émotion et amertume dans le monde du travail. Les Français ne se sont pas prononcés pour un tel choix ». « Toutes les instances concernées doivent être saisies, en particulier le Parlement », affirme Alain Bocquet. Les Verts, autre partenaire des socialistes au sein de la coalition gouvernementale, « ne comprennent pas » la décision, selon leur porte-parole Marie-Anne Isler-Béguin. Réponse du ber-ger à la bergère, l'opposition s'est aussi emparée de l'affaire. Renault Muselier, député RPR des Bouches-du-Rhône, a ironiquement mis en cause le Premier ministre, « pris en flagrant délit d'hypocrisie et de démagogie ». « Aucun avenir. » Hier sur Europe 1, Danielle Kaisergruber a commenté son rapport. Elle a réaffirmé que l'usine de Vilvorde n'avait « aucun avenir » dans sa configuration actuelle et compte tenu de ses coûts élevés. « La réduction de la durée du travail peut permettre dans cer-tains cas de sauver des emplois, mais ne peut pas permettre de sauver un site industriel entier », a-t-elle ajouté. « Renault a un énorme problème de surcapacités (...). Il doit baisser le prix de vente et, pour cela, doit baisser ses prix de revient et réaliser un plan d'économies important », a argué Danielle Kaisergruber. Le gouvernement a insisté pour sa part, hier, sur le « compromis social » recommandé dans le rapport. A Matignon, on rappelle que Lionel Jospin, pendant la campagne électorale, avait condamné la brutalité de la méthode employée par la direction de Renault pour annoncer la fermeture : « Son sentiment et celui du gouvernement n'ont pas changé. » Le Premier ministre devrait intervenir publiquement sur ce sujet dans le courant de la semaine, probablement jeudi. Alain-Gabriel Verdevoye
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