Les actionnaires saluent l'accord de principe des deux gouvernements

Au lendemain de la volte-face du fonds Northern Cross Investments en faveur du plan, c'est au tour des deux gouvernements de faire un grand pas en avant. L'annonce « qu'ils étaient prêts à accorder un allongement significatif de la durée de la concession », sous réserve de certaines conditions et notamment l'approbation par les actionnaires et les prêteurs du plan de restructuration, lève une partie du voile. Jusqu'à maintenant, seuls les actionnaires s'étaient exprimés. L'extension de la concession du tunnel figurait au coeur des débats de ces derniers jours et restait déterminante pour l'intention de vote de nombre de minoritaires. Au premier rang de ceux-ci, Christian Cambier, président de l'AAE (Association pour l'ction Eurotunnel) déclarait hier encore à Reuter, avant l'annonce tardive des gouvernements : « s'il n'y a pas d'extension de la concession, on [l'association] votera "non" », ajoutant que « dans le cas inverse, je voterai "oui" ». Christian Cambier fera connaître sa réponse définitive sur le sens du vote de l'AAE ce soir. Albert Jauffret, président de l'Adacte, a manifesté son « contentement face à une décision réclamée depuis longtemps », et considère que « la balle est désormais dans le camp des banquiers ». Au siège d'Eurotunnel, on ne cachait pas une certaine satisfaction « devant les clarifications apportées par les gouvernements », tout en regrettant que « cette extension effective soit soumise à des conditions ». Il est clair que le plan fait l'objet de toutes sortes de pressions émanant des différentes parties prenantes. Hier, les minoritaires menaçaient de voter contre le plan, aujourd'hui les gouvernements font valoir leurs exigences. D'ailleurs, le ministère de l'Economie précisait hier soir à l'attention de certains récalcitrants que « si le plan de restructuration devait être rejeté et si les banques prêteuses demandaient aux gouvernements de bénéficier de la clause de substitution, les gouvernements ne seraient pas en mesure de s'y opposer ». Reste que le feu vert à cette prolongation n'est pour l'instant que du domaine de l'accord de principe. Les détails sur le reversement des bénéfices au-delà de 2052 et l'augmentation du trafic fret seront discutés après l'assemblée du 10 juillet. En clair, « il s'agit d'une demi-décision qui ne permettra pas aux actionnaires de voter en connaissance de cause », s'exclame un proche du dossier. Si l'annonce des gouvernements est intervenue après la clôture du marché hier, l'action Eurotunnel a bénéficié d'un vif regain d'intérêt, après la décision de Northern Cross - qui représente quelque 4 % du capital (36,6 millions de voix) - de voter en faveur du plan. Le titre a gagné 7 % à 6,90 francs avec 4,4 millions d'unités échangées. Eurotunnel ne représente que 0,5 % du portefeuille de Northern qui gère un total de 8 à 9 milliards de dollars. Le fonds est entré dans le capital du concessionnaire du tunnel à partir de février 1995 et a poursuivi ses achats après l'annonce, dans ses grandes lignes du plan de restructuration, en octobre 1996. Mais ce n'est que fin mai 1997 qu'il décide de mandater Sophie L'Hélias, président du cabinet Franklin Global Investors services pour voter, à l'assemblée, contre ce plan, sauf si les banques acceptent d'abandonner au moins 25 % de leurs créances. Une dizaine de jours avant la date fatidique de l'assemblée, le revirement de Northern est capital. En effet, avec lui, Eurotunnel peut compter sur environ 85 % de droits de vote en faveur du plan. A condition bien sûr que le quorum soit atteint. Perrine Delfortrie et Pascale Mollo
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