Le gouvernement plébiscite le rapport Nicolin

L'Assemblée nationale, et plus particulièrement la salle Victor-Hugo, était décidément l'endroit où tout membre du gouvernement se devait de paraître hier. Yves Nicolin, député UDF de la Loire - qui y présentait son rapport et ses propositions sur l'avenir du textile-habillement français, au terme de la mission confiée par le Premier ministre en janvier (La Tribune du 31 mai) - a fait salle presque comble. Le succès était prévisible auprès des professionnels de la filière. Quelque trois cents d'entre eux avaient fait le déplacement. En revanche, plus inattendu fut le défilé de ministres à la tribune pour débattre des « perspectives d'avenir de la filière textile-habillement en France ». Une façon de mettre du baume au coeur des industriels, qui ont d'ailleurs apprécié les marques de soutien gouvernementales. Ainsi, c'est Alain Juppé, en personne, qui a ouvert la séance pour « féliciter publiquement Yves Nicolin pour son analyse et son message d'espoir ». Le Premier ministre, récusant la « disparition programmée du secteur », au profit d'un sauvetage « dont les limites et les modalités restent encore à définir », a voulu donner le ton des décisions susceptibles d'être prises dans la foulée du rapport Nicolin, sans les dévoiler. Au sein des soixante-dix propositions formulées par le rapporteur, Alain Juppé s'est ainsi dit « séduit par le made in France, la réforme de la taxe professionnelle, la formation et le développement d'un véritable esprit de filière ». Est alors venu le tour de Jean-Pierre Raffarin, ministre des PME, du Commerce et de l'Artisanat. Ce dernier, soucieux de « pérenniser l'outil industriel français », a formulé trois propositions pour le textile-habillement français, au premier rang desquelles la mise en place d'une politique d'innovation liée à la créativité. Le ministre des PME a également insisté sur la nécessité « d'organiser le soutien des PME à l'export » et « l'importance de bâtir un projet social adapté aux petites et moyennes entreprises du secteur ». Un thème relayé quelques instants plus tard par Jacques Barrot. Toutefois, pour le ministre du Travail, qui a dénoncé avec vigueur les désordres monétaires et les dévaluations compétitives - « tandis que nous perdions plein d'emplois, d'autres se sont créés dans la plaine du Pô » -, le coût du travail et la formation des hommes constituent « les leviers les plus importants ». Franck Borotra, le ministre de l'Industrie, a lui assuré la clôture de ce colloque. Insistant sur l'innovation, il a notamment déclaré être, « à titre personnel, favorable à l'extension du bénéfice du crédit d'impôt recherche au stylisme réalisé à l'extérieur de l'entreprise ». Le ministre de l'Industrie s'est surtout déclaré « optimiste quant à la suite de ce dossier devant la Commission européenne ». « Dans les tous prochains jours », Franck Borotra va d'abord plaider auprès de Bruxelles que l'allégement de charges consenti par le gouvernement français participe à un mouvement général sur les bas salaires. Ensuite, argumentera-t-il, sur « le dispositif législatif plus vaste d'incitation à l'aménagement et à la réduction du temps de travail ». Pascale Mollo
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