François Vittoz à la peine pour redresser Gascogne

C'en est fini de la tranquillité pour François Vittoz. La publication aujourd'hui des résultats annuels 2007 devrait confirmer le retard dans le redressement promis de Gascogne. Ce qui risque d'attirer à nouveau sur le groupe papetier les foudres de son premier actionnaire, François Gontier. Pourtant, l'arrivée de François Vittoz aux commandes du groupe landais en 2004 avait marqué un certain apaisement, après trois années houleuses entre l'ancienne direction et François Gontier. Ce dernier avait porté l'hostilité à son comble en lançant mi-2003 une OPE non sollicitée sur Gascogne." La réorganisation stratégique de Gascogne a débuté en 2004 avec trois ans de retard par rapport à nos préconisations. Aujourd'hui, le plan de redressement a dix-huit mois de décalage ", s'impatiente François Gontier , qui détient par sa holding EEM 29 % du capital et 33 % des droits de vote de Gascogne. Ce raider boursier avait bataillé au début des années 2000 pour imposer ses vues à l'équipe dirigeante de l'époque, Paul Desarmeaux et Philippe Blanc, le dernier représentant des six familles de sylviculteurs à l'origine de la société en 1925. En vain. Gascogne a vu ses bénéfices chuter en 2003 et 2004 avant le plongeon dans le rouge de 2005 marqué par une perte nette de 26,25 millions d'euros.MENACE SUR LE MANAGEMENTFrançois Vittoz, qui a fait toute sa carrière dans l'industrie papetière, notamment à la direction du groupe d'emballage européen Smurfit Kappa, a été appelé pour remettre Gascogne sur les rails. En 2006, le groupe est revenu dans le vert, avec un bénéfice net de 10,3 millions d'euros. Mais en 2007, le redressement n'était pas achevé. Une des cinq branches d'activités, fabrication de " complexes ", reste déficitaire. Au premier semestre, le résultat opérationnel courant était moitié moindre que celui enregistré sur la même période de 2006. " Toutes nos activités, sauf une, ont vu leurs résultats s'améliorer en 2007 ", nuance François Vittoz. " Au premier semestre, nous avons été pénalisés par la prise en compte intégrale d'un arrêt de maintenance de notre papeterie de Mimizan ", précise-t-il.Loin de l'agitation qui régit les marchés financiers, François Vittoz a adopté le rythme de l'industrie du bois et du papier, habituée à des perspectives de long terme. " Nous avons d'abord dû consolider la situation financière du groupe en réduisant son endettement, puis nous avons bâti pour chacune de nos activités, sur la base d'analyses détaillées, une stratégie que nous sommes en train de mettre en oeuvre ", explique-t-il.PARI DE LA MAISON EN BOIS" Du travail a été fait ", reconnaît François Gontier, " l'endettement a été divisé par deux, les structures rationalisées ". Au passage, 18 % des postes ont été supprimés dans ce groupe qui compte aujourd'hui 2.800 personnes. Mais 2008 sera pour François Gontier une échéance clé. " Nous suivrons cette année avec attention le redressement de cette société ", affirme-t-il sans masquer la menace qui pèse sur le management.L'enjeu : faire de Gascogne, seul exploitant de la forêt de pins des Landes, " un groupe de spécialités performant, actif sur des niches à haute valeur ajoutée ". Derrière cette formule passe-partout, des dizaines de papiers et sacs techniques, tous plus pointus les uns que les autres : papier oléophobe (qui résiste au gras, pour les pots de pop-corn, par exemple), papier utilisé pour fabriquer une raquette de tennis, sacs pour pet food, timbres ou sachets de thé. " Notre marché potentiel ne représente que 0,7 % du marché mondial du papier ", souligne François Vittoz.À côté des sacs et papiers, les produits en bois (lambris, parquets...) sont également en cours de réorientation vers le marché haut de gamme, grâce notamment à l'acquisition d'Imberty, en 2006. Nouveauté en 2007 : Gascogne a commencé à miser sur la mode de la maison en bois en proposant des murs prêts à monter, qui permettent d'assembler une maison en quarante-huit heures. Ce marché, encore étroit avec 10.000 maisons en bois construites actuellement, croît de 20 % par an. Reste la branche distribution, dont la vente est souvent évoquée. " Ce n'est pas à l'ordre du jour ", affirme François Vittoz. " Après les mutations que nous avons lancées en 2007, nous misons sur son fort potentiel. " Ce n'est pas l'avis de François Gontier : " La direction devra certainement faire des choix et se concentrer sur ses activités qui bénéficient de très bonnes perspectives, comme le bois ", déclare-t-il. Tous les deux s'accordent néanmoins pour annoncer des acquisitions prochaines pour doper la branche sacs.Chronologie1953 : Naissance à Boulogne-Billancourt.1977 : Diplômé HEC, il partau Japon pour une filialede la Scoa.1983 : Il rejoint Cellulose du Pin, filiale papetièrede Saint-Gobain.1994 : Il rejoint le groupe Smurfit Kappa, dont il devient directeur France.2004 : Président du directoirede Gascogne, puis PDG l'année suivante.
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