La tension monte entre l'Élysée et France Télévisions

Le ton est monté d'un cran dans la crise que traverse France Télévisions. Patrick de Carolis, PDG du groupeaudiovisuel public, invité hier matin à l'antenne de RTL, s'est donné deux mois pour savoir si l'État actionnaire donnera à son groupe les moyens de ses ambitions. " Si courant septembre je vois que le compte n'y est pas, je prendrai mes responsabilités. À l'impossible nul n'est tenu. " Après la confirmation le 26 juin par le président de laRépublique de la suppression de la publicité sur les antennes deschaînes publiques après 20 heures au 1er janvier 2009 et de l'instauration de deux taxes, sur les télévisions privées et sur les télécoms, pour compenser le manque à gagner, Patrick de Carolis est sorti de la réserve qu'il s'était imposéedepuis l'annonce de cette réformele 8 janvier.Après les propos du chef de l'État sur France 3 le 30 juin sur la trop grande ressemblance entre programmes des chaînes privées et publiques, le PDG de France Télévisions, hier sur RTL, a estimé qu'il était " faux, stupide et profondément injuste " de dire cela, et que depuis trois ans, il s'efforçait de faire une télévision " respectable " qu'il entendait voir " respectée ". Ces propos, que la ministre de la Culture a " regrettés " ont déclenché les foudres de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, qui a immédiatement réclamé des " excuses ". Sur RMC, Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, estimait pour sa part qu'il faudrait probablement renommer les dirigeants de France Télévisions avant la fin de l'année, au moment du changement de statut du groupe audiovisuel. Le ministère de la Culture compte avoir fini de préparer l'avant-projet de loi qui doit entériner la réforme avant le 15 juillet, afin qu'il arrive en Conseil des ministres à la rentrée.Patrick de Carolis, nommé en 2005 par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, a également défendu son indépendance éditoriale, alors que le chef de l'État a décidé que désormais, l'exécutif procéderait directement à la nomination des présidents de la télévision publique, faisant surgir des craintes d'un contrôle accru sur les programmes : " Jamais je ne soumettrai mes grilles de programmes ou un concept d'émission à un quelconque visa extérieur à l'entreprise ", s'est élevé le PDG de France Télévisions sur RTL. Les relations avec l'Élysée, déjà tendues après la diffusion sur Internet mardi des images vidéo de Nicolas Sarkozy et de ses remarques sur le service public, prises hors antenne, avant le début de son intervention sur France 3, devraient se tendre un peu plus.DEMISSION DANS LA BALANCEC'est dans ce climat que Patrick de Carolis s'apprête à engager la " négociation cruciale " pour assurer à France Télévisions " un équilibre financier absolument nécessaire pour la bonne marche de l'entreprise, son développement et la réussite de la réforme ". Dès lundi, dans le cadre d'un comité de groupe, Patrick de Carolis avait fait part aux représentants des salariés de France Télévisions de ses inquiétudes sur le financement du groupe public, après les propositions de financement avancées par le chef de l'État reprenant en partie celle de la commission Copé sur la nouvelle télévision publique. Il avait déjà indiqué qu'il emploierait l'été à montrer à l'État actionnaire que la réforme n'était pas budgétairement satisfaisante, et que faute d'y parvenir, il en tirerait les conséquences.Alors que doit s'engager une profonde mutation du groupe, que Patrick de Carolis a appelé de ses voeux, sa démission ferait peser de nouvelles incertitudes sur France Télévisions.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.