Total s'engage avec Gazprom sur le site de Shtokman

Le réalisme finira-t-il par l'emporter ? Alors que les multinationales américaines Exxon Mobil et ConocoPhillips annoncent leur retrait de la région pétrolière de l'Orénoque au Venezuela plutôt que de voir leur rôle réduit dans ce pays, d'autres majors comme le français Total ou le britannique BP décident d'y rester. Face à la montée du nationalisme pétrolier au Venezuela, en Russie ou au Nigeria, le groupe français veut " privilégier le dialogue " avec les pays producteurs. C'est même " l'un des gros enjeux du groupe pour l'avenir ", a précisé Christophe de Margerie, le directeur général de Total, lors de la présentation des résultats annuels. D'autant que les pays producteurs détiennent, à eux seuls, 80 % des réserves mondiales et que les groupes occidentaux commencent à ressentir les effets de la nationalisation des grands projets. Tous ont annoncé des réserves en baisse.APRES DEUX ANS DE MANOEUVRE" La donne a changé, le but n'est pas de se faire aimer mais de se faire accepter ", estime Christophe de Margerie. Ce dernier a une vision très personnelle de la façon de sortir de cette impasse. Selon lui, " Total est un acteur important de la chaîne. Il se doit de convaincre les pays producteurs d'apporter plus d'énergie aux pays occidentaux sans se sentir lésés dans leurs propres intérêts ". Une stratégie qui commence à porter ses fruits, estime le groupe. Tout particulièrement en Russie, où après deux années de manoeuvre pour reprendre le contrôle des gisements géants de Sibérie et de Sakhaline, le Kremlin a décidé d'assouplir son nationalisme énergétique. Du moins pour l'exploration de champs situés dans des zones difficiles d'accès comme le gigantesque gisement gazier de Shtokman en mer de Barents. Pour ce projet de 20 à 30 milliards de dollars, Total a été le premier partenaire retenu par Gazprom en juillet pour créer la compagnie chargée de développer la première phase d'exploitation de ce gisement. Ce n'est que bien plus tard, en octobre, que le Kremlin a ouvert la porte au norvégien StatoilHydro. Même si, au final, Gazprom conserve une part majoritaire de 51 %, Total détient 25 % de la nouvelle entité, StatoilHydro disposant du solde, soit 24 %. Le groupe français, qui avait annoncé la semaine dernière une baisse des réserves prouvées de 6 % en 2007, pourra enregistrer le quart des réserves du gisement russe, évaluées à 3.700 milliards de mètres cubes de gaz, dans ses comptes à partir de 2009.BELLE VITRINEL'accord signé avec Gazprom stipule que " la nouvelle compagnie prendra en charge tous les risques financiers, géologiques et techniques pour pro duire le gaz naturel, le gaz naturel liquéfié et les condensats ". Il prévoit aussi que Total devra céder sa participation à Gazprom à la fin de la période d'exploitation. Rien ne dit que le gazier russe ne changera pas de partenaire par la suite. Qu'importe, Total se dit prêt à prendre tous les risques, y compris au niveau des investissements. De toute façon, il ne pouvait pas rêver plus belle vitrine que le gisement de Shtokman pour faire la démonstration de son expertise dans les plates-formes en eaux profondes et dans la gestion des projets compliqués. Même si les coûts d'extraction sont de plus en plus élevés et que le rendement des capitaux employés est appelé à diminuer, le prix du pétrole extrait dans le cadre de ces accords de partage sera toujours plus attractif que celui acheté sur les marchés, estime Total.
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