France Télécom, l'exemple réussi d'une mue spectaculaire

Il y a vingt ans, en janvier 1988, la Direction générale des télécommunications se sépare de celle de la poste, sous la tutelle du ministère des PTT, et devient France Télécom. Un tout premier pas vers la transformation de cette administration en une entreprise capable d'affronter un environnement concurrentiel.La mutation se fera par étapes successives. En 1991, France Télécom devient un exploitant de droit public. Tout s'accélère cinq ans plus tard, sous le gouvernement d'Alain Juppé. La loi de 1996 change son statut en société anonyme, permettant ainsi une ouverture du capital et une introduction en Bourse. L'opération aura lieu sous le gouvernement Jospin : le 20 octobre 1997, France Télécom fait son entrée en Bourse, à la fois à Paris et à New York. L'État empoche 6,4 milliards d'euros en cédant 25 % du capital, près de 4 millions de petits porteurs se ruent sur les titres de l'opérateur public. Nous sommes soixante-douze jours avant l'ouverture du marché à la concurrence. À l'époque, il n'est pas question de privatisation, même si l'État diminue à nouveau sa participation, à 62 %, en novembre 1998, puis mécaniquement à 55,5 % lors du rachat du britannique Orange en mai 2000.L'État actionnaire se retrouve face à ses responsabilités après le krach de la bulle Internet, devant la montagne de dettes de France Télécom : en avril 2003, il participera à hauteur de 9 milliards d'euros à l'augmentation de capital de 15 milliards destinée à renflouer ses finances exsangues.REDOUTABLE MACHINE COMMERCIALEL'opérateur désormais remis sur pied, sa privatisation ne semble plus tabou. En décembre 2003, la loi autorise l'État à détenir moins de la moitié du capital de l'opérateur. Ce sera chose faite neuf mois plus tard : le ministre de l'Économie, Nicolas Sarkozy, décide la vente d'un bloc de 9,6 %, faisant tomber la part de l'État à 41 %. Plusieurs cessions suivront, la dernière en date remonte au placement de 5 % du capital à juin 2007 pour 2,6 milliards d'euros : l'État est alors passé à 27,4 %.Pendant ce temps, l'ancien monopole des télécoms a opéré une mue spectaculaire et une révolution culturelle en interne. Il est devenu une multinationale présente dans une trentaine de pays, réalisant un chiffre d'affaires de 53 milliards d'euros. Une machine redoutable sur le plan commercial et pas seulement en raison des actifs de réseaux dont France Télécom a hérité. Tout a changé en une dizaine d'années sauf le statut des fonctionnaires, ce qui a aidé cette transformation sans heurt social ou presque. France Télécom emploie encore 80.000 fonctionnaires, soit 80 % des effectifs en France, et un peu de moins de la moitié des salariés totaux dans le monde.
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