Des retombées difficiles à évaluer

Les interrogations concernant l'importance des positions détenues par Sumitomo font désormais figure de principale question en suspens pour le marché mondial du cuivre. Des rumeurs persistantes font état de négociations entre Sumitomo et quelques grands opérateurs qui rachèteraient cette position pour la « porter et la dénouer en douceur ». Le débouclage des positions détenues par Sumitomo sur le marché à terme ou hors de ses entrepôts paraît problématique. Aucun opérateur, dans cette filière, n'est capable de gérer une position à la fois papier et physique de la taille de celle de Sumitomo. Un dossier étudié par quelques grandes banques Seules quelques grandes ban-ques internationales disposent de l'expérience nécessaire. Ce pourrait être le cas de l'UBS, qu'on dit en négociation actuellement. Une maison de négoce suisse, intervenue sur le marché du zinc l'an passé, étudierait également le dossier Sumitomo « avec une grande prudence », indique-t-on. Quelle que soit la solution retenue par Sumitomo pour déboucler ses positions, le marché redoute l'impact de cette opération sur les prix du cuivre. Dans une interview donnée vendredi à l'agence Reuter, le canadien Herbert Black, le premier des gérants de « hedge-funds » à avoir lancé l'assaut contre les positions de Sumitomo, a renouvelé son estimation de la position « longue » de Sumitomo (1,5 million de tonnes de cuivre) et indiqué qu'il n'y avait pas de collusion entre Sumitomo et les sociétés chinoises. « Sumitomo a fait croire aux Chinois que le mieux pour eux serait de restocker du cuivre », a-t-il précisé. Il a aussi estimé que le prix du cuivre au comptant ne devrait plus rester supérieur à celui du cuivre à terme, et que Sumitomo devait céder ses stocks. Il a enfin indiqué qu'il était sorti du marché après avoir gagné 50 millions à 75 millions de dollars canadiens. S'ajoute encore à cela une autre difficulté. De l'usage des options asiatiques... Désormais inscrit dans l'histoire des métaux de base comme le responsable de la plus importante perte jamais enregistrée par un négociant, Yasuo Hamanaka avait aussi marqué son époque comme inventeur et principal utilisateur des « options asiatiques ». Un terme qui désigne une technique de couverture du risque de prix très sophistiquée, ayant été l'objet d'un véritable engouement sur le LME ces dernières années. Selon Christopher Green, de Barclays Metals, « ce produit, concocté à partir d'un cocktail d'options, sert à la couverture d'environ 20 % de la production mondiale de cuivre ». Yasuo Hamanaka paraît en avoir fait un usage massif dans ses livres. « Cette généralisation rend périlleuse la gestion et le débouclage de la position Sumitomo », constate Wiktor Bielski, de Bain Metals, la filiale négoce de la Deutsche Bank. La nature même des positions prises par Yasuo Hamanaka au travers de ce jeu très complexe « d'options asiatiques » pose, de facto, la question du fameux facteur « Delta », une formule mathématique qui gère la probabilité d'exercice de l'option dans la fourchette de prix choisi. Au cas où le facteur « Delta » est enfoncé à l'occasion d'une baisse des cours du cuivre sur le LME, les émetteurs d'options asiatiques vendent des contrats de cuivre pour couvrir leurs positions sur les options afin de maintenir une sensibilité nulle par rapport à l'évolution des cours. Le tonnage ainsi vendu correspond à la valeur du facteur « Delta » calculé par les programmes informatiques. Ce mécanisme justifie d'autant mieux la soif d'information du marché sur l'état exact des positions détenues par Sumitomo. Du règlement en douceur ou chirurgical de cette affaire dépend en grande partie l'évolution des cours du cuivre ces prochains mois. G.-A. K.
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