Le patron d'UBS en proie à la fronde de ses actionnaires

Le bras de fer qui oppose le président d'UBS, Marcel Ospel, à ses actionnaires risque de devenir un cas d'école. Hier, il a dû répondre aux critiques de quelque 6.400 actionnaires furibonds. Réunis dans un complexe sportif à Bâle, ils ont fini par approuver l'augmentation de capital de 13 milliards de francs suisses (8 milliards d'euros), qui doit remettre sur les rails les ratios prudentiels du géant bancaire hélvétique. L'année dernière, frappé de plein fouet par la crise du subprime, UBS a été contraint de déprécier 19,5 milliards de francs suisses d'actifs, affichant par là même 4,4 milliards de pertes, une première dans l'histoire de la banque. D'où la nécessité de renforcer ses fonds propres. Comme si cette cascade de mauvaises nouvelles ne suffisait pas à déclencher la fureur des actionnaires, l'augmentation de capital leur a été soustraite et, du coup, ils vont se retrouver dilués. 11 milliards sont réservés au fonds souverain de Singapour, le Government of Singapore Corporation (GIC), sous forme d'obligations convertibles en actions, qui représenteront à terme 9 % du capital d'UBS. Les 2 milliards restants devraient être souscrits par un investisseur du Moyen-Orient dont le nom n'a pas été révélé.C'est dans cette configuration que l'assemblée générale a commencé hier, dans un climat très tendu. Alors que les appels à la démission de Marcel Ospel, jugé responsable de la déconfiture de la banque, se multiplient, il a rejeté toute idée de départ. " La popularité ne peut et ne doit en aucune manière influer sur mon action ou sur celle du conseil d'administration ", a-t-il martelé devant les actionnaires. Et d'ajouter : " Je suis particulièrement sensible au devoir qui m'incombe de monter au front pour aider à surmonter les difficultés auxquelles nous sommes actuellement confrontés. " Des propos qui n'ont pas réussi à calmer les petits porteurs. Pour la majorité d'entre eux, les dirigeants de la banque doivent assumer la responsabilité des égarements de la banque dans la crise du subprime. Pendant cette assemblée générale marathon qui a duré sept heures, les actionnaires ont assailli le conseil d'administration d'une centaine de questions sur la situation de la banque. Pour l'un d'entre eux, les dirigeants " ont transformé la banque en casino ". Dominique Biedermann, le directeur du fonds Ethos, qui réunit les intérêts de 80 investisseurs institutionnels, n'a pas mâché ses mots à l'égard de Marcel Ospel : " Des milliers d'assurés ont perdu des sommes colossales. Nous vous avons élu pour sécuriser le fonctionnement d'UBS. Vous n'avez pas assumé cette tâche correctement. " Malgré leur bronca, les actionnaires ont accepté que le dividende soit versé en actions et non en numéraire.UNE ASSEMBLEE GENERALE DES ACTIONNAIRES FIXEE AU 23 AVRILMais la messe n'est pas dite pour Marcel Ospel. Certes, le conseil d'administration va proposer à l'assemblée générale des actionnaires, fixée au 23 avril, de reconduire le mandat de Marcel Ospel pour un an au lieu des trois ans initialement prévus. Les actionnaires rejetteront-ils cette résolution et mettront-ils un terme aux fonctions de l'actuel président d'UBS ? La saga du groupe bancaire suisse illustre s'il en est le débat qui sévit en Europe sur la responsabilité des dirigeants de banque en cas de sinistre majeur. Les pertes colossales de la Société Générale accumulées par un trader posent la même question. Mais en attendant la prise de décision des actionnaires, les conseils d'administration restent pour le moins discrets sur le sujet.
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