Yann Gérardin à la conquête de l'Ouest pour BNP Paribas

I l est Monsieur Dérivés actions chez BNP Paribas. L'un des rares banquiers français à baigner dans ces activités de marché depuis leur création il y a vingt ans. À 46 ans, Yann Gérardin dirige depuis 1999 la division dérivés actions de BNP Paribas au niveau mondial, laquelle pèse plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Discret et humble, il a toutefois frappé un grand coup il y a trois semaines en rachetant à Bank of America (BoA) son activité américaine de prime brokerage (services de financement, de courtage et de prêt-emprunts de titres pour les hedge funds). Une opération d'autant plus remarquée que de nombreuses banques d'investissement réduisent leur voilure en raison de la crise. Si la taille de cette acquisition reste limitée (300 millions de dollars), elle porte les nombreux espoirs de Yann Gérardin dans les dérivés actions.UN MARCHE D'ENVIRON12 MILLIARDS DE DOLLARSGrâce aux 300 clients hedge funds de BoA, BNP Paribas va réaliser une poussée sur le marché américain. Le prime brokerage, qui représente un marché d'environ 12 milliards de dollars est essentiellement concentré aux Etats-Unis. Et les hedge funds captent plus de la moitié du marché américain des dérivés actions. " Il est impossible de développer une activité de " prime brokerage" significative par la seule croissance organique, tant les barrières à l'entrée sont élevées. Nous sommes désormais clairement en situation d'y gagner des parts de marché ", explique Yann Gérardin. Grâce à cette nouvelle clientèle, BNP Paribas va également se diversifier vers les produits standards, dits de flux, comme les OTC ou les produits cotés. En 2006, ces produits représentaient 40 % du marché américain des dérivés actions selon la banque française et bien davantage sur la clientèle des hedge funds. " Le marché américain étant largement dominé par les produits de flux, nous avons décidé de nous y développer en 2003 ", explique Yann Gérardin. Cette stratégie était un changement fort alors que BNP Paribas s'était développé dans les produits complexes, dits structurés, une spécificité française. Les analystes estiment que cette acquisition permettra à BNP Paribas d'accroître ses revenus de plusieurs centaines de millions d'euros par an aux Etats-Unis. D'autant plus que le patron des dérivés actions mise sur la règle qui assure qu'un dollar de revenu généré dans le prime brokerage permet de réaliser un dollar supplémentaire dans les autres activités de marché. Et pour cause. Une fois que l'activité de BoA sera totalement intégrée, " elle profitera aussi aux autres activités de la banque d'investissement et surtout au "fixed income" [marché de crédit, taux, change et matières premières]", souligne Yann Gérardin. Il compte également étendre le prime brokerage en Europe grâce à sa vaste plate-forme de dérivés.UNE POSITION DE FORCESon développement sera d'autant plus facilité que BNP Paribas reste l'une des rares banques au monde à ne pas être accablée par les subprimes. Une position de force que Yann Gérardin attribue autant à la gestion de ses équipes qu'à sa politique de risque. " La crise me renforce dans mes convictions que le meilleur contrôle est l'équilibre entre les procédures et la proximité du management ", explique le patron des dérivés actions.Après la crise de 2002, la banque a perdu quelques bons et jeunes éléments. Yann Gérardin a alors tenu à créer une cohésion au sein de ses équipes, un " sentiment d'appartenance " pour éviter que l'argent ne soit le seul élément de motivation de ses traders. La dimension humaine et la communication font partie de ses leitmotiv. Face aux difficultés d'UBS, de Citi ou à la fraude de Jérôme Kerviel à la Société Générale , ces valeurs prennent tout leur sens. " Le cauchemar est l'organisation en silo ou le système de l'État dans l'État, car les gens ne se parlent plus ", martèle Yann Gérardin. Dans un métier centré sur l'individu, " le succès est fortement lié aux comportements ", ajoute-t-il. Alors que la plupart des banques s'interrogent sur le devenir de leurs activités de marché, Yann Gérardin reste optimiste. " Je suis persuadé que, à moyen terme, la crise ne nécessitera pas de modifier en profondeur le modèle des dérivés actions ", estime-t-il. Entre-temps, l'acquisition du prime brokerage aura peut-être changé la donne.ParcoursDiplômé de Sciences po et d'HEC, Yann Gérardin a commencé sa carrière à la BNP en août 1987 comme responsable de l'activité options sur actions. En 1992, il prend la direction générale de BNP DB3A, une société de contrepartie sur le Monep. Trois ans plus tard, il devient adjoint au responsable de l'ensemble de la ligne métier actions de BNP. En 1999, lors du rachat de Paribas par BNP, Yann Gérardin prend la tête de la division mondiale dérivés actions, qu'il dirige depuis.
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