La Caisse des dépôts officiellement baptisée " fonds souverain "

La France aura son fonds souverain. Ce sera la Caisse des dépôts. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a formalisé son projet hier lors d'un discours prononcé au Creusot. " J'ai bien l'intention de faire de la Caisse des dépôts un fonds souverain.Il n'y a pas de raison que la France n'en ait pas " , a-t-il expliqué.Son propos intervient alors que des fonds publics d'investissement étrangers, notamment en provenance de Chine, de Russie ou des Émirats arabes unis, montent en puissance en investissant dans des actifs étrangers. Toute la question est cependant de savoir ce que le chef de l'État entend par fonds souverain. " Ces fonds peuvent prendre de multiples formes mais on peut identifier trois familles principales : les fonds de ressources naturelles, les fonds de pensiongérés sur le long terme et enfin les fonds investissant essentiellement dans des actifs nationaux. À l'instar de la Cassa Depositi e Prestiti dirigée par Alfonso Iozzo, la Caisse des dépôts adoptera ce derniermodèle ", affirme un proche du dossier.LA MONTEE DES SPECULATIFS" C'est tout le sens du travail mené actuellement par notre maison pour créer un club des investisseurs de long terme dans le monde dont plusieurs fonds souverains ont d'ores et déjà accueilli favorablement l'initiative " , souligne le directeur général de la Caisse, Augustin de Romanet. Cette démarche avait été initiée après que le chef de l'État eut indiqué en janvier qu'il souhaitait faire de l'établissement public " un instrument de la politique de défense " des entreprises françaises face à la montée des spéculatifs. Et la définition de la Caisse en tant qu' " investisseur de long terme au service des entreprises, dans le respect de ses intérêts patrimoniaux " , telle que l'envisage le projet de loi de modernisation économique adopté par les députés, vient renforcer ce projet.En pratique, le message de Nicolas Sarkozy intervient alors que nombre d'entreprises du CAC 40 voient leurs titres entraînés vers le bas et que certaines pourraient avoir besoin d'un soutien capitalistique. Mais le propos du chef de l'État est aussi offensif. Selon un proche de Nicolas Sarkozy, la Caisse des dépôts devrait être un acteur clé de la restructuration de filières industrielles stratégiques en mauvaise posture. En particulier dans les secteurs de la sous-traitance nucléaire et aéronautique. À cet égard, après l'échec du rachat par Latécoère des usines d'Airbus de Méaulte (Somme) et de Saint-Nazaire Ville, qui lui ont échappé in extremis début mai, l'institution financière pourrait ainsi avoir à mobiliser son portefeuille existant afin de fédérer la filière de la sous-traitance aéronautique derrière cet équipementier ou derrière d'autres acteurs comme Zodiac ou Snecma.
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