" Surtout pas ! " À ce cri du coeur d'un patron d'une grande maison de gestion de la City en réponse à une question sur son intention d'acheter ou non des actions de la compagnie pétrolière Rosneft, lors de sa prochaine introduction en Bourse à Londres, répond la fulgurante mise en garde du célèbre milliardaire George Soros. Pour ce dernier, pas de doute, la société d'État Rosneft, deuxième major russe, bâtie sur les ruines de Ioukos, l'ex-numéro un démantelé sur ordre de Moscou, ne devrait tout simplement pas être autorisée à ouvrir son capital au public. Du moins tant que le président russe, Vladimir Poutine, utilise l'arme de l'énergie à ses fins géopolitiques. Autant dire que le placement de 14 % du capital de Rosneft - pour un montant compris entre 8,5 et 11 milliards de dollars - ne se présente pas forcément sous les meilleurs auspices malgré un prix du baril toujours aussi haut. Les investisseurs - dont certains restent échaudés par l'affaire Ioukos - restent méfiants à l'égard de la Russie malgré ses richesses. Trop de risques, trop de corruption, trop d'opacité, trop de luttes de pouvoir pour faire des affaires selon les standards de la Bourse. Et la récente déconvenue de l'aciériste russe Severstal dans la bataille boursière pour le contrôle d'Arcelor montre bien que les milieux d'affaires russes sont loin d'avoir acquis leurs lettres de noblesse en Occident. C'est sans doute pourquoi Rosneft cherche des partenaires pour entrer à son capital, des partenaires aussi prestigieux que BP, ExxonMobil... bref, tous les grands noms de la galaxie pétrole. Pour l'heure, seul le chinois CNPC semble prêt à répondre présent et ce, selon le Financial Times, pour un ticket de 3 milliards de dollars. Cela pourrait être un atout. Car la vraie force de la Chine, c'est d'avoir su inspirer confiance aux milieux d'affaires occidentaux. La très libérale Russie devrait en tirer quelques enseignements !

latribune.fr

26 Sept 2008, 6:02

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