Les Espagnols favorables à la levée de l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine

En 1989, c'était sous la présidence espagnole de l'Union que les Européens avaient décidé d'interdire le commerce d'armes avec la Chine pour sanctionner Pékin de la répression brutale des manifestations sur la place Tiananmen. Vingt et un ans après, la politique chinoise en matière de droits de l'homme n'a guère été influencée par cet embargo, et l'industrie de l'armement européenne est privée d'un marché juteux avec une croissance annuelle à deux chiffres. C'est à nouveau l'Espagne qui assume la présidence tournante, et Madrid souhaite à présent inviter l'Europe à mettre un terme à l'interdiction. « Nous sommes tous conscients du nouveau rôle que joue la Chine » et il s'agit « d'avoir le meilleur dialogue possible » avec Pékin et « d'étudier si les circonstances permettent une levée de l'embargo », a déclaré la semaine dernière à Bruxelles le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos. Cette question relève de l'obsession pour les Chinois. Ces dernières années, Paris, Berlin ou Rome se sont déjà exprimés dans le sens d'une levée de cet embargo jugé « obsolète ». Les Français sont les plus fervents défenseurs d'une reprise des exportations d'armes à ce pays, dont le budget militaire dépasse, officiellement, les 56 milliards d'euros, et serait en réalité trois fois supérieur. Selon les données annuelles du Sipri, un think tank indépendant basé à Oslo, les dépenses militaires de la Chine ont atteint 84,9 milliards de dollars en 2008, la plaçant pour la première fois au deuxième rang mondial, derrière les Etats-Unis. « La Chine est l'un des principaux importateurs d'armes depuis le début des années 1990 et le plus important depuis plusieurs années », commente le rapport annuel du Sipri. Mais les industriels européens ne sont pas au bout de leurs peines : d'autres pays, scandinaves en tête, s'opposent à la levée de l'embargo, pour des questions de droits de l'homme. les États-Unis inquietsL'UE doit également faire face aux inquiétudes des voisins de Pékin et à la pression des États-Unis, longtemps inquiets que leurs transferts de technologie vers l'Europe finissent dans les mains chinoises. Or les nouvelles tensions entre Pékin et Washington provoquées par les ventes d'armes à Taiwan risquent d'inciter l'administration américaine à la plus grande prudence.Coté européen, l'Espagne souhaite évaluer « le pour et le contre » d'une levée de l'embargo. L'amélioration des relations avec Pékin et la perspective de l'immense marché chinois pèseront dans la balance même si de nombreux Etats membres ont déjà contourné l'interdiction. En revanche, le peu de cas que semble faire Pékin de la propriété intellectuelle, des risques de prolifération et des engagements internationaux, continue d'inquiéter.Yann-Antony Noghès, à Bruxelles, avec E.C.Infographie1col 65mm
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