Microsoft attaque Google de front

C'est l'histoire de l'arrosé arroseur. Longtemps aux prises avec Bruxelles pour abus de position dominante, Microsoft s'est mis dans la peau du plaignant. L'éditeur de logiciels a porté plainte devant la Commission européenne dans le cadre de l'enquête formelle lancée par cette dernière en novembre pour abus de position dominante. Les services de la concurrence vont « informer Google et lui demander de s'exprimer », a réagi la porte-parole Amelia Torres. L'éditeur de logiciels accuse Google d'« empêcher quiconque de créer une offre alternative » dans le marché de la recherche sur Internet, a expliqué Brad Smith, le directeur juridique de Microsoft dans un message publié sur le blog de l'entreprise. Alors que Microsoft capte un quart de la recherche aux États-Unis grâce à Bing et à Yahoo avec lequel il a un accord, l'éditeur, malgré « les milliards de dollars investis » est inexistant en Europe, Google s'arrogeant 95 % du marché. Youtube pénaliséPremier reproche, Microsoft accuse le géant du Net de l'empêcher d'accéder à Youtube, sa filiale de vidéos en ligne. « Sans accès clair à Youtube, Bing et les autres moteurs de recherche ne peuvent pas être sur un pied d'égalité avec Google lorsqu'ils présentent des résultats de recherche. » Plus récemment, Google a restreint l'accès des Windows Phones aux données de Youtube, privilégiant les mobiles Android, le système d'exploitation maison du moteur. Résultat : sur les mobiles tournant avec le logiciel Microsoft, Youtube est réduit à sa plus simple expression. « Nous sommes prêts à lancer un service Youtube de grande qualité. Nous avons juste besoin de la permission que Google nous a refusée jusque-là », indique Brad Smith. Autre reproche, le moteur de recherche empêche Bing d'accéder aux livres des éditeurs qu'il a numérisés. La semaine dernière, un juge américain a invalidé l'accord conclu entre Google et les auteurs américains, qui aurait permis au moteur de disposer des droits sur les oeuvres orphelines numérisées et d'en priver d'accès les autres moteurs de recherche. Côté clients, Google ne souhaite pas que les annonceurs utilisent leurs données via d'autres plates-formes de publicité que la sienne. Du coup, « il est trop onéreux pour les annonceurs de mettre leur campagne sur plusieurs plates-formes », affirme Microsoft. Enfin, Google interdit à certains grands noms de l'Internet d'inclure sur leurs sites d'autres boîtes de recherche que la sienne. Ainsi, Microsoft s'est vu refusé par des opérateurs télécoms le droit de distribuer des services de Windows Live (l'e-mail ou le stockage de document), sous prétexte qu'ils étaient financés grâce à Bing.Cette litanie de critiques vient alimenter l'enquête déjà ouverte à Bruxelles après les plaintes du britannique Foundem, de la filiale allemande de Microsoft, Ciao, et du français eJustice. Tous accusent le moteur de les défavoriser dans la recherche. S'ajoutent, de bonne source, les entretiens informels qui ont eu lieu depuis un an entre la direction de la concurrence bruxelloise et des entreprises (issues du monde des télécoms, de la presse, ou de l'édition), toutes accusant le moteur de comportements anti-concurrentiel. Les lobbyistes n'attendent pas de réponse officielle avant la fin de l'année. « Je pense que la direction de la concurrence pourrait prendre position en interne avant l'été. Google pourrait ensuite prendre des engagements. Avant Noël, on peut donc attendre soit une communication des griefs soit des discussions sur ces remèdes. J'espère que ces engagements pourront être examinés par les tiers », indique David Wood, en charge du dossier chez Icomp, un cabinet de lobbying, qui compte parmi ses membres Microsoft et Foundem.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.