Dmitri Medvedev, réformateur éclairé ou marionnette de Poutine  ?

Vu de loin, le président Medvedev donne l'impression de ruer dans les brancards. Juriste de profession, le voilà qui tempête contre son propre appareil qui « ignore largement les besoins de la population » et souffre d'une « corruption pandémique ». Il vient de limoger 16 hauts fonctionnaires de la police et fait, peu à peu, tomber les têtes des gouverneurs régionaux. Il dénonce le « nihilisme légal » et fabrique un néologisme, « cauchemardiser », pour décrire les incessants « contrôles » que les organes bureaucratiques font subir aux entrepreneurs. Et qui ne sont ni plus ni moins que des moyens d'extorquer des pots-de-vin. Il dénonce sans ambages le bilan de son prédécesseur Vladimir Poutine (sans toutefois le nommer), se lamentant que rien n'ait été fait pour moderniser une « économie archaïque », « primitive », entièrement dépendante des exportations de matières premières.la « verticale du pouvoir »Il appelle de ses voeux une « justice indépendante du pouvoir » mais quelques mois plus tard, le 16 novembre dernier, le décès en prison de l'avocat d'affaires Sergueï Magnitski ruine ces belles promesses. Une « bévue » que Dmitri Medvedev tente de faire oublier en annonçant que dorénavant les personnes accusées de « crimes économiques » ne seront plus incarcérées en préventive. La communauté d'affaires applaudit, mais surtout attend que la loi entre en vigueur.Car en Russie pas plus qu'ailleurs on ne croit aux belles promesses. Et tout le monde de s'interroger à mi-voix sur ses capacités à moderniser l'économie et à instaurer un véritable état de droit. N'est-il pas au fond une marionnette destinée à amuser la galerie tandis que le véritable maître - Vladimir Poutine - continue de régner sans partage ? Jusqu'ici, seuls les mots du président expriment une divergence d'avec la « verticale du pouvoir » instaurée par son Premier ministre. Dans les faits, rien ou presque n'a changé depuis deux ans que Dmitri Medvedev occupe le Kremlin. Mikhaïl Khodorkovski est pour l'heure toujours en prison et la Russie continue de descendre dans le classement mondial de la corruption de l'ONG Transparency International (146e place en 2009). Emmanuel Grynsz
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