Le discours prudent de Bernanke n'apporte aucun soutien au dollar

Depuis l'émergence du régime des changes flottants en 1971, le dollar a toujours joué un rôle de valeur refuge en temps de crise. Pourtant, en dépit de l'extension des convulsions dans le monde arabe et de la nouvelle explosion des prix du pétrole qui en est le corollaire, cette fois, il baisse. Victime de ses rendements lilliputiens, le dollar ne parvient toujours pas à retrouver son traditionnel statut. Son indice pondéré face aux monnaies des six principaux partenaires commerciaux des États-Unis est tombé à un plancher de quatre mois. Le franc suisse est resté accroché à un niveau très proche du record de vigueur pulvérisé la semaine dernière à 0,9225. La livre sterling a refranchi mardi le seuil de 1,63 dollar pour la première fois depuis janvier 2010 et le « huard » - le surnom du dollar canadien du nom de l'oiseau de mer qui orne les pièces de 1 dollar - s'est retrouvé propulsé à son plus haut niveau depuis novembre 2007, tirant les dividendes de son statut de monnaie matières premières et d'un différentiel de conjoncture en sa faveur. Le plus étonnant reste la vigueur de l'euro face au billet vert qui ne se dément pas, alors que, depuis sa naissance, il était considéré comme un investissement plus risqué. Mardi, la monnaie unique est venue tutoyer son point haut de l'année, montant jusqu'à 1,3855 dollar et les stratèges change lui prédisent une prochaine attaque de la barre de 1,40, que l'on n'a pas revisitée depuis novembre dernier. L'euro parvient à séduire les investisseurs malgré le contexte actuel de crise toujours sous-jacente de la dette souveraine de la zone euro.peu de créations d'emplois Comment expliquer ce revers de fortune très atypique du dollar. Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, en a fourni une explication partielle mardi lors de la première partie de son audition semestrielle devant le Congrès, qui débutait par le Sénat. Il a d'abord réitéré que les taux resteraient à un niveau très bas pendant « une période prolongée ». Une prise de position d'autant plus défavorable au dollar que les anticipations de durcissement des politiques monétaires de la Banque centrale européenne ou de la Banque d'Angleterre commencent à s'ancrer dans les esprits. En revanche, son diagnostic économique est plus équilibré que lors de ses précédentes interventions. Il a estimé que les menaces sur la croissance s'étaient amorties et que le risque de déflation était désormais négligeable. Néanmoins, le patron de la Fed affirme que la reprise ne sera pas solidement ancrée tant qu'elle ne s'accompagnera pas de robustes créations d'emplois qui se font attendre. Enfin, Bernanke a minimisé l'impact de la flambée des prix du pétrole, jugeant qu'elle n'aurait que des effets limités sur l'inflation. Une prudence qui ne suffira pas à faire sortir le dollar de l'ornière. Pour l'instant.
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