Convaincre malgré deux ans de retard pour le premier EPR

La sortie de terre du premier EPR se fera décidément au forceps. EDF a confirmé vendredi d'importants retards sur la construction de son réacteur à Flamanville, déjà éventés par les syndicats. Prévu au départ pour une mise en service fin 2012, l'EPR ne devrait produire qu'à partir de 2014. Le coût initialement estimé de 3,3 milliards d'euros, déjà révisé à 4 milliards fin 2008, est porté à 5 milliards. Il s'agit d'« une tête de série » et « les têtes de série coûtent plus cher que les suivantes », s'est défendu vendredi le directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, sans vouloir dire à quel niveau de prix pourraient se situer les EPR suivants.Le niveau de sûreté accru de l'EPR par rapport aux centrales existantes complique sa construction et notamment le génie civil, assuré par Bouygues. De plus, EDF, qui a construit en moins de quarante ans les 58 réacteurs qui fournissent 85 % de la production d'électricité française, paie sans doute le fait de n'avoir plus mené de chantier de cette envergure depuis vingt ans. L'expertise s'est diluée avec le départ à la retraite de nombre d'ingénieurs. Henri Proglio veut d'ailleurs porter le nombre d'ingénieurs et de techniciens recrutés chaque année par EDF de 1.000 à 1.400 à court terme.Il n'empêche. Après les retards enregistrés par Areva pour son EPR finlandais, les bugs de Flamanville sont malvenus. « La crédibilité à la fois du modèle EPR et de la capacité de l'industrie nucléaire française à réussir de nouvelles constructions de centrales a été sérieusement ébranlée par les difficultés rencontrées sur le chantier finlandais d'Olkiluoto et sur celui de la troisième tranche de Flamanville », relève François Roussely dans son rapport sur la filière nucléaire dévoilé mardi dernier.D'autant qu'EDF veut construire d'autres EPR. En France, un jumeau de Flamanville est prévu à Penly, en Seine-Maritime. En Grande-Bretagne, EDF, qui a racheté British Energy, s'est engagé à construire 4 EPR. Des projets sont en cours aussi avec Enel, en Italie, et aux États-Unis. Au final, c'est peut-être la Chine qui relèvera le plus vite le défi. EDF et son partenaire chinois CGNPC y construisent depuis l'automne dernier deux EPR à Taishan, dans le sud du pays. « Il est possible que Taishan se construise plus vite que Flamanville », reconnaît Henri Proglio dans une interview à « La Tribune » (voir page 7). Tout un symbole?!O. H.
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