Grand écart entre le yen japonais et le bolivar vénézuélien

C'est au yen que revient la palme 2010 : la monnaie japonaise a affiché la meilleure performance des monnaies mondiales face au dollar au cours du millésime qui vient de s'achever, avec un gain de plus de 14 % de sa valeur. Au point d'être venu enfoncer des planchers successifs de quinze ans vis-à-vis du billet vert, frôlant le seuil de 80, dans la dernière partie de l'année. Cette fulgurance a même fait sortir du bois la Banque du Japon le 15 septembre dernier, pour la première fois depuis 2004. Elle a alors procédé à la plus grosse intervention de change de son histoire, en y consacrant au cours d'une seule séance l'équivalent de 25 milliards de dollars pour tenter de calmer la fièvre sur le yen. Car la flambée de la monnaie de l'archipel, si elle est un signe de confiance des investisseurs étrangers dans le pays du Soleil-Levant, est aussi, revers de la médaille, la pire des épines pour les autorités monétaires de Tokyo. En pesant sur la compétitivité des entreprises nipponnes, elle menace de gripper le seul rouage vaillant de la croissance : les exportations. Le yen ne tire pas son attrait de ses rendements, proches de zéro depuis plus d'une décennie, mais de ce statut de valeur refuge que lui confère l'excédent structurel de la balance des paiements courants nippone. Et de fait il est presque seul à s'octroyer ce privilège parmi une flopée de monnaies dont les rendements élevés se conjuguent avec leur statut de monnaies matières premières, qui ont dû leur prestige retrouvé à la nouvelle flambée des cours des « commodities ». Record du franc suisseC'est ainsi que le yen se retrouve en haut de l'affiche avec le tugrik de Mongolie, immédiatement suivis par le dollar australien, le rand sud-africain, le ringgit malaisien ou le baht thaïlandais, qui ont tous affiché des gains de plus de 10 % face au dollar en 2010. Mais juste derrière, figurant parmi les dix monnaies les plus performantes du monde, s'aligne un « frère » du yen, qui n'est autre que le franc suisse. La monnaie helvétique a fini l'année sur un record absolu face au dollar, atteint vendredi à 0,9340. À l'autre bout de l'échelle, c'est le bolivar vénézuélien qui tient la lanterne rouge et de loin. Dévalué l'avant-dernier jour de l'année, la monnaie de ce pays membre de l'OPEP, a accusé une dépréciation de 50 % face au dollar l'an dernier. Il est suivi par une cohorte de monnaies de second rang, pour la plupart non convertibles, jusqu'à l'irruption d'une monnaie de l'Union européenne, le forint, sur lequel pèse le lourd poids de la crise que traverse la Hongrie, qui vient de prendre la présidence tournante de l'UE.Et l'euro dans tout cela. Au terme d'une année en coups d'accordéon, qu'il a terminée juste au-dessus de 1,33 dollar, un centime au dessus de sa moyenne de 2010 qui se situe à 1,32, il accuse une perte de 7 % face au billet vert. C'est un pourcentage nettement inférieur à celui qui avait soldé le premier semestre, où les contrecoups de la crise de la dette souveraine l'avaient fait refluer jusqu'à 1,1875 dollar au cours de la dernière décade de juin. Isabelle Croizard
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