Résignée, l'Allemagne veut durcir les règles du jeu

« Reverrons-nous un jour notre argent, madame Merkel ? » La une de l'édition dominicale de la « Bild Zeitung » traduit les sentiments qui dominent en Allemagne : amertume et résignation. Pendant tout le week-end, les membres de la coalition au pouvoir sont venus justifier la participation allemande au plan de sauvetage de l'économie grecque. Le ministre président CDU de Bade-Wurtemberg, Stefan Mappus, a ainsi avoué « comprendre ceux qui rejettent ce plan », mais a jugé qu'il n'y a « pas d'alternative ». La tâche de la chancelière va désormais être de faire accepter cette nécessité à l'opinion publique. L'exercice est périlleux car on vote le 9 mai en Rhénanie-du-Nord-Westphalie pour renouveler le parlement régional. Un scrutin où la majorité de la coalition libérale conservatrice, au pouvoir à Berlin, pourrait ne pas être reconduite. Et sans elle, Angela Merkel perdra le contrôle du Bundesrat. Or, avec la discussion cette semaine au Parlement de la loi qui autorise le versement des 8,4 milliards d'euros à Athènes, la question grecque risque d'occuper le devant de la scène politique. Ce week-end déjà, les sociaux-démocrates ont accusé la chancelière d'avoir menti sur ce dossier. Cette dernière a débuté son opération séduction ce dimanche en accordant une interview à la « Bild Zeitung », qui a mené la campagne antigrecque ces dernières semaines. Tout en rappelant les efforts qu'a consentis la Grèce, Angela Merkel a souligné que Berlin ne versera pas, pour le moment, un centime. C'est la banque publique KfW qui accordera un crédit garanti par l'État fédéral à la Grèce : ce dernier ne paiera donc qu'en cas de défaut de la Grèce.Reste que cette concession de l'Allemagne ne sera pas sans contrepartie. Outre-Rhin, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer de nouvelles règles, plus strictes, pour la zone euro. Angela Merkel a ainsi exigé que « l'on tire les leçons de la crise actuelle ». Selon elle, il faut « modifier » l'arsenal des sanctions prévues contre ceux qui enfreignent le pacte de stabilité. Elle a notamment proposé de « suspendre temporairement » le droit de vote au conseil des pays concernés. « Pour l'Allemagne, cela est essentiel », a martelé la chancelière. Le chèque de Berlin à Athènes se paiera donc sans doute par un durcissement des conditions au sein de l'UEM. Romaric Godin, à Francfort
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