Le poivre s'enflamme à l'approche du ramadan

A l'approche du Ramadan, qui commence le 11 août cette année, la tension monte sur les prix du poivre. En un an, les cours de l'épice ont doublé pour atteindre 4.500 dollars la tonne, un plus haut depuis 2001 pour le poivre noir. Et tout porte à croire que l'escalade risque de se prolonger. Car les disponibilités en poivre blanc - le plus cher -, comme en poivre noir, sont plutôt réduites. Le fait que le ramadan, durant lequel la consommation de l'épice augmente, débute avant que certaines récoltes n'arrivent sur le marché, comme celle de l'Indonésie, participe également à faire monter la pression. Mais la hausse des prix actuelle doit être mise en relation avec la crise financière traversée l'année dernière, notamment par les fermiers vietnamiens, premiers producteurs de l'épice avec 125.000 tonnes mises sur le marché en 2009. « En l'absence de toute possibilité de crédit, ils ont vendu tout leur stock, ce qui est inhabituel. En 2010, la production du Vietnam reviendra à 100.000 tonnes » assure un broker de poivre à Rotterdam. Dans les autres grands pays producteurs, comme l'Indonésie, l'Inde et le Brésil, la tendance est aussi à la baisse. L'Inde qui en consomme beaucoup, est passée en quelques années de 80.000 à 50.000 tonnes produites. La faiblesse des prix n'a pas incité les fermiers à soigner leurs plants de poivre, qui sont de plus en fin de cycle : la durée de vie d'un plant est de 8 à 12 ans, et de nombreuses poivrières vivent sur leurs investissement de la fin du dernier cycle haussier, en 2000.Face au déclin de la production, la demande de poivre, elle, évolue. En Inde on le consomme avec des légumes, en Chine, dans les nouilles. « Le lien entre consommation de viande et poivre reste vrai pour l'Europe et les États-Unis, mais il n'est plus le seul déterminant » estime un négociant. Sommés de réduire les quantités de sel, et de matières grasses de leurs produits, les industriels de l'agroalimentaire achètent plus de poivre que par le passé. Et eux aussi ont absorbé leurs stocks durant la crise financière.Ce début de parfait cycle haussier vient se cumuler avec une augmentation de la volatilité constatée sur le marché des épices, qui doit se plier à une règlementation sanitaire de plus en plus draconienne. Les acheteurs préfèrent désormais se fournir auprès d'un originateur à même de garantir toute la chaîne de production, de la vendange du fermier à la phase de stérilisation en passant par le transport. La suppression des intermédiaires nuit à la liquidité du marché, ainsi qu'à la fluidité de l'information. «Il n'y a que 4 ou 5 gros producteurs, pourtant personne ne sait vraiment quelle va être la récolte» regrette un broker.
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