Alors que la « fashion week » parisienne court jusqu'à mercr...

Si la question de l'âge des créateurs contrarie le « tout va pour le mieux dans le plus joli des mondes », inutile de se cacher derrière son petit doigt ; cet automne, cette interrogation préoccupe nombre de capitaines de l'industrie de la mode. Les chasseurs de tête scrutent les nouveaux talents ; chacun prépare l'avenir. Chaque génération a ses chefs de file et ses caractéristiques.Les géants de la modeLe 13 octobre, Ralph Lauren aura 70 ans. Son empire, créé en 1967, affiche une santé juvénile, sa mode Wasp est intemporelle. Au printemps, la marque installera son plus grand magasin boulevard Saint-Germain, en voisinage direct du magasin Rykiel. Mais, sur le devant de la scène, c'est David, l'époux de Laura Bush et surtout le fils de Ralph, qui va capter l'attention et assure d'ores et déjà la relève.En passant le relais en final de défilé, Sonia Rykiel a montré l'exemple. Quand la grande dame du tricot est venue saluer le public, main dans la main avec sa fille Nathalie, le geste a eu valeur d'intronisation. Alors qu'elle fêtera l'an prochain, ses 80 printemps, la continuité du style de la Parisienne est garantie.Cette saison, à Milan, Giorgio Armani, 75 ans, a lui aussi envoyé un message au monde de la mode. Au final du défilé Emporio, il est venu remercier ses fans, toujours aussi nombreux, accompagné de sa nièce Sylvana, qui l'assiste pour la création de la ligne. Jamais le géant de la mode italienne n'avait partagé ce privilège. Autre cas de figure, Chanel, où, depuis 1983, Karl Lagerfeld mène la danse. à 75 ans, le designer fait preuve d'une jeunesse d'esprit à toute épreuve, que sa curiosité intellectuelle ne cesse d'entretenir. Depuis belle lurette, il n'hésite pas à faire applaudir l'équipe de son studio, signifiant ainsi qu'au-delà de sa propre personne érigée en icône c'est bel et bien le talent des petites mains et des créatifs qu'il faut féliciter collectivement pour réinventer saison après saison les classiques maison.Quinquagénaires en criseCes créateurs qui ont fait les riches heures des années 1980 et 1990, par leur modernité et leur extravagance, n'ont plus autant le vent en poupe. Jean-Paul Gaultier, 57 ans, en particulier, malgré toute la sympathie que lui portent les rédactrices de mode et le très bon accueil de sa ligne pour Hermès, n'est plus l'enfant terrible de la mode. À 58 ans, Christian Lacroix, pour la première fois ne défile pas cette semaine, aux prises avec les difficultés financières. Dans l'attente de la signature d'une reprise de sa maison, il est pour l'heure contraint au repli. Ces dernières années, d'autres créateurs de cette génération avaient eux-mêmes été obligés de déserter les feux des projecteurs. Mais, reconnaissance du talent oblige, après le retour de Martine Sitbon sur les podiums avec sa ligne Rue du Mail, c'est désormais Jean Colonna, le maître de la mode glam rock, qui refait parler de lui, grâce à sa collaboration avec Morgan. Tandis que les créateurs belges Anne Demeulemester, 50 ans, en rockeuse invétérée, et Dries Van Noten, 51 ans, en poète jardinier, continuent, avec constance, à affiner leur style créateur, Martin Margiela, à 52 ans, a décidé de prendre du recul.De son côté, John Galliano aura 50 ans le 28 janvier prochain. Entré chez Dior en 1996, celui qui depuis dix ans a totalement renouvelé l'image de la maison alimente les conversations à mots feutrés. Comment transformer une mode qui a fait la fortune du show off, people, sexy et bling-bling en un style plus néo-aristo classique, sans perdre en attractivité et maintenir les ventes ? Depuis plusieurs saisons déjà, le créateur s'est assagi pour mieux s'adapter. La présentation de la haute couture en juillet dernier au 30, avenue Montaigne n'a pas manqué de souligner le retour aux codes fondamentaux de la maison.Quadras au sommetEn fait, la génération qui assure, ce sont les quadragénaires. Avec en tête, Alber Elbaz, âgé de 48 ans, qui paraît au sommet de son art. Son style sophistiqué, faussement simple, est en parfaite adéquation avec l'air du temps. À l'avenir, au-delà de Lanvin, il figure parmi ceux qui seront appelés à reprendre l'une des plus belles maisons de haute couture. Chez Louis Vuitton, Marc Jacobs, à 46 ans, ne voit pas non plus son aura pâlir. Antoine Arnault, le fils de Bernard Arnault, s'en réjouit : la crise n'a pas atteint l'image du célèbre malletier et les ventes sont au beau fixe. Stefano Pilati, 44 ans, épinglé d'un coup d'?il assassin par Anna Wintour dans « The September Issue » pour son goût immodéré des tonalités éteintes, tente de relever depuis cinq ans le défi de mener la direction artistique d'Yves Saint Laurent. Chez Jil Sander, Raf Simons, né en 1968, a le vent en poupe. Après avoir marqué de son empreinte l'élégance masculine, il crée une mode d'une féminité ultramoderne, parfaitement en phase avec les attentes de la clientèle business internationale. Seul représentant qui manque aujourd'hui à l'appel de cette génération, Hedi Slimane, 41 ans. Reviendra ? Reviendra pas ? Révolutionnera-t-il ou non la silhouette féminine comme il l'a fait avec la mode masculine ? Les mois à venir ne manqueront pas d'alimenter, là encore, la rumeur.Trentenaires en formeChouchou parmi tous, Nicolas Ghesquière, 38 ans, incarne a lui seul la vitalité des trentenaires. Sa mode printemps-été 2010, tout en cuir, impressions graphiques et silhouettes près du corps, donne au groupe PPR l'assurance que, fort du positionnement de la marque dans le très élitiste, il peut envisager l'avenir sereinement. Idem pour Christopher Bailey chez Burberry Prorsum, dont la cote ne faiblit pas, si l'on en croit la foule de people massée au premier rang de son dernier défilé. À 38 ans, Stella McCartney de son côté semble avoir trouvé ses marques en développant, saison après saison, une mode légère pour femme sexy, tandis que Phoebe Philo, son ex-assistante, de deux ans sa cadette, est très attendue cette semaine avec son premier défilé pour la maison Céline. Outsiders de cette génération, l'américano-thailandais Thakoon, fort du soutien sans faille d'Anna Wintour, la si puissante rédactrice en chef du « Vogue » américain, continue à voir sa cote grimper à 35 ans, grâce notamment à sa collaboration à la marque d'accessoires Hogan. Idem pour l'anglais Giles Deacon, qui, à 38 ans, est adulé par la scène londonienne.Les futurs grandsParmi les représentants de la génération montante, Kris Van Assche, 33 ans, chez Dior Homme, Bruno Pieters, chez Hugo, Charles Anastase, et Cédric Charlier l'ex-assistant d'Alber Elbaz, tout nouvellement arrivé chez Cacharel, tous trois étant âgés de 31 ans, ainsi que Gareth Pugh, 29 ans, affinent saison après saison leur vision moderniste de douceur retrouvée. Comme à New York, Kate (31 ans) et Laura Mulleavy (29 ans) ? alias les s?urs Rodarte et Jason Wu (26 ans). Ou bien encore, à Londres, Christopher Kane, 27 ans. Mais la surprise de l'automne, nous vient des antipodes. Soutenu par le « Vogue » australien, Dion Lee vient de fêter ses 24 ans, à Paris, ce 2 octobre. Diplômé du Fashion Design Studio de l'Institute of Technology de Sydney, il est considéré comme l'étoile montante de la nouvelle génération, à suivre absolument. Isabelle Lefort Cinq générations de créateurs 
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