La BCE à la manoeuvre sur tous les fronts

Ce n'était qu'une rumeur alimentée par l'agence Reuters depuis le week-end dernier : la nouvelle facilité de crédit destinée à offrir des liquidités aux banques de l'Eurosystème, à commencer par les irlandaises en grande difficulté, que la Banque centrale européenne était supposée mettre en place, ne verra pas le jour. Comme il n'y a pas de fumée sans feu, Jean-Claude Trichet et ses pairs de la BCE ont néanmoins accordé une concession de taille à l'Irlande en crise. Mais une concession qui fait désormais partie de la culture maison à l'Eurotower de Francfort. La BCE a décidé d'élargir la gamme de « collatéraux » - les titres qu'elle accepte en garantie lors de ses appels d'offres en échange de prêts - sans aucune limitation quant à leur qualité de crédit. C'est dire que la BCE a purement et simplement annulé le seuil minimal d'éligibilité des titres de Dublin acceptés à ses opérations de refinancement, ce qui permettra aux banques de continuer d'avoir accès à des financements BCE, quels que soient les caprices des agences de notation. C'est une réplique du régime de faveur qu'elle applique à la Grèce depuis mai dernier, alors que s'aggravait la crise de la dette souveraine hellénique. Pour l'Irlande, lourdement tributaire de la BCE pour ses emprunts à court terme de trois mois ou moins, c'est un véritable ballon d'oxygène, les autres établissements de la zone euro refusant de lui prêter de l'argent. Cela n'a pas empêché l'agence de notation Standard & Poor's de passer de la menace à l'acte en abaissant vendredi d'un cran la note souveraine de l'Irlande, à BBB+. Mais S&P a assorti cette nouvelle note d'une perspective stable, saluant les tests de résistance imposés au secteur bancaire, dont les résultats ont été rendus publics mercredi, bien qu'ils fassent apparaître la nécessité de nouvelles recapitalisations, à hauteur de 24 milliards d'euros supplémentaires. De son côté, l'agence Fitch, qui a déjà dégradé la note du Dublin à BBB + en décembre, l'a placée sous perspective négative, s'ouvrant la possibilité d'un nouveau déclassement.Vers un taux directeur à 1,25 % Au cours de la semaine qui s'ouvre, c'est à un autre défi que la BCE va être confrontée. Début mars, ses « sages », par la voix du premier d'entre eux, Jean-Claude Trichet, se sont quasiment engagés à infléchir, dès le conseil de la BCE du 7 avril, le cycle de baisse des taux en vigueur depuis octobre 2008. Les dix-sept pays membres devraient donc à l'issue de la réunion des gouverneurs de jeudi vivre avec un taux directeur majoré, vraisemblablement d'un quart de point à 1,25 %. Une hausse que justifie une inflation en nette recrudescence, mais qui, si elle constitue le début d'un cycle, risque de peser lourd sur une consommation et des investissements hésitants, voire sur la compétitivité des exportations, via le nouvel envol de l'euro qu'elle risque d'enclencher.
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