L'industrie du LBO doit revoir son modèle économique

La boucle est bouclée. Le visage du marché du LBO (leverage buy-out, « rachat avec un effet de levier ») à l'orée de 2010 ressemble singulièrement à celui du début de la décennie précédente. En termes d'activité, en tout cas. En 2000, au niveau mondial, les fonds de LBO avaient réalisé 115,9 milliards de dollars (80,3 milliards d'euros) d'acquisitions, d'après Thomson Reuters. L'an dernier, ils ont péniblement atteint 135 milliards de dollars. Inimaginable, il y a encore trois ans, lorsque la question était plutôt de savoir quand le marché atteindrait le trillion de dollars de volume annuel. Le pic d'activité avait été observé au terme de l'exercice 2007, avec près de 800 milliards de dollars d'acquisitions. torpeur généraleUn montant similaire à celui de 2006. Illustration de cette période faste, les dix plus grands LBO de la décennie ont été réalisés ces deux années-là (voir illustration). Les géants américains KKR, TPG, Goldman Sachs et feu Lehman Brothers avaient signé la plus grosse opération de l'histoire, avec le rachat d'Energy Future pour 44 milliards de dollars en 2007.En 2009, exit les méga-LBO. Le rachat en novembre dernier d'IMS Health par TPG et le Canadian Pension Plan pour 5,2 milliards fait figure d'exception. La France n'échappe pas à cette torpeur. Les opérations de plus de 100 millions d'euros se comptent sur les doigts d'une seule main. Et les banques, malgré un retour timide lors de l'entrée au capital de l'assureur Gras Savoye par Astorg, ne sont pas encore disposées à desserrer les cordons de leurs bourses pour apporter les financements indispensables à la construction des LBO. Difficile, aujourd'hui, de trouver plus d'une dizaine de millions d'euros venant d'un seul établissement. En 2010, les fonds seront donc à la diète de dette. Les montages financiers ont déjà perdu de leur subtilité : certaines catégories de dettes ont disparu. Le marché obligataire à haut rendement (« high yield ») pourrait prendre le relais du secteur bancaire, mais son manque de dynamisme en Europe reste, pour l'heure, un obstacle. L'effet de levier se réduisant, les taux de rendement affichés par les fonds suivront certainement la même pente descendante. Les investisseurs le savent et sont déjà plus exigeants avec les équipes de gestion : le rapport de forces s'est inversé. En témoignent les récentes péripéties de PAI Partners. Certains, confrontés à leurs propres difficultés, ont déjà quitté le marché du LBO, soulevant des interrogations sur les levées de capitaux futures. En dépit de la morosité ambiante, quelques fonds ont déjà annoncé le lancement d'une nouvelle levée, comme Barclays Private Equity.
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