Il revient de loin. D'une adolescence où dans une sorte de délire identitaire, il se voulait fille, pour plaire à sa mère. Et quelle mère ! Il aurait pu finir travesti chez Michou ou en HP. Guillaume Gallienne a préféré entrer à la Comédie-Française, après le conservatoire. Une autre famille, parfois proche des Atrides, certes, mais dans laquelle il peut s'épanouir aujourd'hui. Le théâtre l'a sauvé. Il peut tout jouer et sait tout jouer. Écrire aussi. Ce jeu, ce plaisir l'ont poussé à imaginer « les Garçons et Guillaume à table », un spectacle dans lequel, avec une dérision dévastatrice, il raconte ce que l'on pourrait appeler ses « années d'apprentissage de la vie ». Et cela sur la scène de l'Athénée.Le comique, on le sait, c'est du tragique qui a bien tourné. Guillaume Gallienne le manie avec une réjouissante insolence. Les personnages sont nombreux dans sa galerie de portraits schizophréniques. De la danseuse de flamenco à Sissi, de la grand-mère à la Gretchen des Alpes tyroliennes. Sans jamais forcer le trait, avec simplement ce qu'il a sous la main. Lui-même d'abord. Quelques gestes et mimiques, et il désamorce tout attendrissement larmoyant sur un sort qu'il s'était choisi. Sa famille, ceux qu'il rencontre, il les transforme en purs personnages de théâtre. Feydeau n'est jamais loin, tout en clignant vers Jacqueline Maillan.Avec Guillaume Gallienne, on pense à Jacques Charon dans ses improvisations en compagnie de Robert Hirsch. Il a cette même façon d'écarquiller les yeux, comme s'il était toujours surpris de l'effet qu'il produit sur le public. Élégance aussi du mouvement, jamais vulgaire. Juste et vrai. Volupté dans sa manière d'être une femme. De ce qui la rend unique, mais imitable dans ses failles. Une volupté qui ne trompe pas. C'est celle d'un comédien qui sait où se trouve le plaisir. Dans l'aveu, lorsqu'il est délivré. Dans un acte d'amour. Jean-Louis Pinte

latribune.fr

04 Févr 2010, 23:49

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