L'envol des cours du coton signe la fin du jean bon marché

Si l'on en croit Sharad Pawar, ministre de l'agriculture indien, une bulle s'est créée sur les balles de coton, dont les cours en roupie ont grimpé de 70 % en deux mois. « Attention au crash », prévient l'homme politique, qui vient de relever les quotas d'exportation de l'Inde, troisième producteur mondial derrière les Etats-Unis et la Chine. Dans ce dernier pays, les prix se sont aussi envolés sur le marché à terme de Zhengzhou : la tonne de coton pour le mois de novembre se traite à 23.370 yuan, soit 35 % de plus qu'il y a un mois. Tant et si bien que le gouvernement chinois songe à mettre des stocks sur le marché. Parent pauvre des autres matières premières durant la dernière envolée des ressources naturelles, entre 2007 et 2008, le coton est en train de prendre une sérieuse revanche. Sur le troisième trimestre, la hausse des cours du coton coté aux Etats-Unis sur l'Intercontinental Exchange a atteint + 33 %, soit la plus forte hausse depuis 1994. Ils ont dépassé le prix de un dollar par livre en septembre, avant de s'effondrer sur les deux dernières séances (- 2,37 % à 0,957 dollar lundi) alors que la spéculation ralentit. Une volatilité qui masque un réel problème d'approvisionnement, si l'on en croit l'industrie textile.Coûts de production« La situation devient critique », s'exclamait Lucien Deveau, de l'Union des Industries Textiles mi-septembre au salon Première Vision. Le coton représente en effet 10 % du prix d'un tee-shirt et 20 % de celui d'un jean. Et vu les motifs de la hausse des cours, il faudra sans doute faire avec des jeans plus chers dans le futur. Après 40 ans de progression, les rendements des plants de coton commencent en effet à stagner. « Le coût du travail et des intrants restant en revanche stables, les coûts de production ne peuvent que grimper », constate l'ICAC, l'International Cotton Advisory Committee. Selon l'organisation, en seulement trois ans les coûts de production ont bondi de 17 % pour atteindre 1,22 dollar par kilo. Une situation qui vient s'ajouter aux répercussions de la crise financière. La faiblesse des cours des deux dernières années a motivé les agriculteurs à s'orienter vers d'autres cultures comme le maïs. Et si les surfaces plantées repartent à la hausse en 2011, puisque l'ICAC anticipe une hausse de 16 % de la production, les cours ne devraient pas rester durablement faibles. Comme les céréales, le coton a montré cet été, lors des inondations au Pakistan, sa forte sensibilité aux aléas climatiques. A. R.
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