L'hémorragie sociale s'accélère dans les médias américains

PressePressentie depuis plusieurs jours, la nouvelle restructuration confirmée hier chez Time Inc, la branche magazine du conglomérat des médias Time Warner, pourrait contribuer à accélérer un rythme de destructions d'emplois sans précédant aux États-Unis. Selon un rapport de l'organisation Unity sur l'évolution des effectifs dans les métiers de l'information, près de 36.000 emplois ont été détruits par le secteur entre septembre 2008 et septembre 2009 : essentiellement dans les magazines (1.172), les télévisions (8.333) et, surtout, dans les quotidiens et hebdomadaires régionaux (24.500).Le groupe Time Warner a précisé qu'il allait provisionner 100 millions de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre afin de financer une nouvelle restructuration chez Time Inc. Au trimestre dernier, la division a vu ses recettes publicitaires chuter de 22 %, à 129 millions de dollars, tandis que le chiffre d'affaires lié aux abonnements a reculé de 13 %, à 49 millions de dollars. La direction n'a pas indiqué combien de postes elle comptait supprimer. Selon plusieurs médias américains, l'éditeur de «?Time Magazine?» pourrait éliminer 6 % de ses effectifs à travers le monde, une compression analogue à celle déjà effectuée à la fin 2008.« L'industrie de l'information a commencé à souffrir d'une hémorragie en matière d'emplois bien avant que la crise économique n'éclate l'année dernière », rappelle Onica Makwakwa, la directrice exécutive d'Unity. Mais ce rapport « confirme que la récession a frappé le secteur de façon extrêmement brutale », constate la responsable. L'organisation remarque dans son étude que le rythme mensuel des destructions d'emplois a bondi de 22 %, soit trois fois plus vite que pour l'ensemble des entreprises et administrations américaines. Rien qu'au premier semestre de 2009, « 123 programmes d'information télévisée ont été arrêtés, 106 journaux liquidés, 110 bureaux régionaux fermés tandis que 556 magazines sont décédés », révèle le magazine d'investigation « Mother Jones ».arrêt de magazines Depuis la conclusion de l'étude d'Unity, le groupe Condé Nast a annoncé la fermeture de quatre titres, dont le prestigieux « Gourmet ». Quelques mois plus tôt, l'éditeur de « Vogue » avait déjà arrêté son magazine économique « Portfolio » et celui de décoration « Domino ». Dans la presse quotidienne, le « New York Times » a prévenu à la mi-octobre qu'il allait supprimer 100 postes supplémentaires. Avant cette annonce, le titre comptait encore 1.250 employés dédiés à l'information. De son côté, le « Wall Street Journal » a fermé son bureau de Boston? dont certains reporters ont reçu le prix Pulitzer en 2007. Sur une équipe d'une dizaine de journalistes, trois ont la garantie de conserver un emploi dans le quotidien des affaires. Les autres seront licenciés mais pourront postuler à d'autres fonctions au sein du groupe Dow Jones. n
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