Avis de gros temps sur le « charity business » français

À votre bon c?ur ! Comme chaque année à pareille époque, les Français sont invités à donner pour une bonne cause. Depuis mercredi, les Restos du c?ur ont lancé leur 25e campagne en espérant le soutien des généreux donateurs qui les aident depuis 1985. Le 7 janvier, Bernadette Chirac donnera le coup d'envoi de sa traditionnelle opération « Pièces jaunes » pour améliorer les conditions d'hospitalisation. Le Sidaction est, lui, prévu en mars.Mais c'est bien sûr le Téléthon, commencé vendredi soir et jusqu'à dimanche, qui retient l'attention. La 23e édition de cette opération phare de l'Association française contre les myopathies (AFM) se déroule en effet dans un climat très particulier. La polémique lancée le 21 novembre par Pierre Bergé, le président du Sidaction, accusant le Téléthon de « parasiter la générosité publique », aura-t-elle des conséquences sur les dons des Français qui avaient versé, l'an dernier, plus de 100 millions d'euros ? un record ? pour la recherche sur les maladies génétiques ? Autre inquiétude des organisateurs du Téléthon et, au-delà, des responsables des quelque 150 associations faisant appel à la générosité publique : plus d'un an de crise aura-t-il des conséquences négatives sur le montant des collectes ?À en croire une enquête de l'institut Recherches et solidarité, publiée la semaine dernière par le « JDD », 38 % des Français « pensent qu'ils donneront moins aux associations ». Cela ne serait pas encore le cas si l'on en croit du moins une autre étude, publiée jeudi, du Centre de recherche sur la philanthropie (CerPhi), et réalisée pour France Générosité, qui regroupe une quarantaine d'associations caritatives. Les collectes des deux premiers trimestres de 2009 seraient supérieures de 7,5 % à celles de la même période 2008, année moyenne en ce domaine il est vrai.l'état, premier donateurL'existence d'avantages fiscaux favorisant les dons des particuliers comme des entreprises (voir ci-contre) permet sans doute de doper la générosité des Français. Car, en France, le premier donateur est? l'État, via les niches fiscales ! Le projet de budget 2010 fait ainsi l'hypothèse d'environ 2 milliards d'euros de dons déductibles, contre 1,7 milliard en 2007 (voir graphique ci-dessus).Il n'empêche : la charge de Pierre Bergé estimant que l'AFM utilisait mal les dons et les accaparait au détriment d'autres associations et d'autres causes interpelle l'ensemble des acteurs de la générosité publique. La principale interrogation concerne la bonne utilisation de l'argent. Certes, depuis 1991, la Cour des comptes ne se prive pas de contrôler les associations (voir ci-contre). Elle a rendu cet été un rapport très sévère sur l'utilisation des legs par la SPA, qui s'apparenterait à des détournements. De son côté, la justice a ouvert, en octobre, une information judiciaire à l'encontre d'une vingtaine de petites associations suspectées d'abus de confiance. Au point que le sénateur UMP Adrien Gouteyron a déposé un amendement au projet de loi de finances 2010 supprimant l'avantage fiscal pour les associations « défaillantes ».Mais ni la Cour des comptes ni l'État ne peuvent discuter de l'opportunité ou de l'intérêt de telle ou telle affectation des dons dès lors qu'elle est conforme au but de l'association. Seuls les donateurs restent juges. n
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