Nouvelle résidence secondaire, le voilier de 15 mètres (50 p...

Il y a encore cinq ou six ans, s'acheter un voilier de 15 mètres, c'était mettre 1 million d'euros sur la table. « Aujourd'hui, on peut s'offrir un 50 pieds pour le prix d'un appartement à Cogolin ou d'un deux-pièces au bord du périph parisien », note Louis Noël Viviès, dirigeant de Rivacom, spécialisé dans la communication des grands événements et courses. Soit 400.000 euros le ticket d'entrée. « Des clients capables d'acheter un bateau, il y en a plus qu'auparavant. Surtout ceux qui n'ont pas particulièrement le pied marin. L'industrie a su séduire les non-aventuriers pour vivre un rêve d'aventure », analyse Dieter Gust, responsable du développement produit au sein du groupe Bénéteau;néteau. Avant de tempérer son propos : « Porteurs, certes, les plus de 50 pieds restent une niche en production. Ce qui est nouveau, c'est qu'ils étaient autrefois dévolus au marché de la location.  »Grâce à la forte croissance de ces dix dernières années, les chantiers se sont dotés d'outils de production compétitifs, et ont mis à l'eau des navires de plus en plus sophistiqués? et grands. La clientèle des cadres sup' et des jeunes retraités a suivi ce sillage avec bonheur. Car si le coût est moins un obstacle pour elle, son désir, lui, monte en flèche. « Notre c?ur de cible, c'était avant les 12-13 mètres. Comme les exigences des clients en matière de confort ont évolué, la taille augmente avec le niveau d'équipement, quasi identique à celui d'un appartement », confirme Jacques Martin, directeur commercial d'Alliaura Marine. Bienvenue au congélateur, à l'air conditionné ou aux douches à jets.Man?uvres aidéesLe vieillissement de la population entraîne aussi une sophistication de l'équipement technologique permettant à un couple d'âge mûr de skipper seuls un grand bateau. Voile à enrouleur, propulseur d'étrave, winch électrique, man?uvres centralisées au poste de barre, tous les chantiers se battent sur ces éléments pour séduire ces marins saisonniers. Mais aussi sur l'aménagement : le grand salon de pont est désormais incontournable, tout comme les deux barres à roues. Sans oublier un accès facile à la technologie de bord. Résultat : fini les galères d'antan où il fallait se plier en deux pour accéder au moteur à sa moindre toux, fini la périlleuse montée sur le pont pour envoyer la voile d'avant par gros temps, tout se fait du cockpit. Naviguer devient un jeu d'enfant.Du coup, certains s'enhardissent. « Les gens naviguent de plus en plus loin. Ils hésitent moins à traverser l'Atlantique avec des bateaux plus sûrs et une technologie très avancée », admet Lisa Rabineau, PDG des chantiers Alliaura Marine. À noter, la prime aux multicoques ? un tiers du chiffre d'affaires du marché des voiliers ?, plus confortables à vivre et souvent plus rapides que les monocoques. « Sans contrainte de budget et de place au port, le cata l'emporte souvent. Pendant longtemps il n'était pas considéré comme un bateau de marin. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Surtout depuis que les femmes se sont mêlées du choix des navires », raconte Xavier Desmarest, président du chantier Outremer et directeur général d'Allure. Car la femme est désormais bien plus que la sirène du marin. Elle est tout aussi motivée dans des projets qui se décident à deux.Bateau de voyage« Le phénomène nouveau, ce sont les familles qui partent six mois ou un an avec enfants. En pleine récession, elles décrochent. Le bateau de voyage ne connaît pas la crise », note Louis-Noël Viviès. En témoigne le succès de Sail The World et son site « www.stw.fr » qui regroupe plus de 2.000 français candidats à des tours du monde. Un mouvement confirmé aussi par les chantiers spécialisés dans les « bateaux de voyage » qui porte ce courant en faveur des 50 pieds. « C'est un projet à maturation lente mais inexorable. Une fois la machine lancée, vous y allez », confirme Xavier Desmarest. Il ne souffre effectivement pas de la tourmente avec ses catas taillés pour la route dont l'Outremer 49 à 520.000 euros HT. Avec un second chantier, les monocoques Allure, dirigé par son associé (l'Allure 51 est à 450.000 euros HT), il a multiplié par trois ses résultats cette année, et signe en moyenne 20 Allure et 10 Outremer par an. Conséquence : les performances marines cèdent le pas sur l'habitabilité. « Aujourd'hui, les monocoques sont encore trop conçus et pensés pour la navigation, pas assez pour la vie à bord. Nous travaillons beaucoup les ouvertures et les descentes avec des inclinaisons à 45 degrés comme à la maison », souligne Dieter Gust. En veillant toutefois à conserver une part de poésie : « Pouvoir s'asseoir sur le passe avant pour admirer la mer, c'est cela le rêve. » Impossible de le contredire. Sophie PétersQuinze mètres sinon rien
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