L'Union européenne veut mettre la Grèce sous tutelle

Les Grecs craignent-ils la colère de Zeus ? On peut le supposer. En effet, avant que Bruxelles, la nouvelle Olympe, n'envoie ce mercredi à Athènes une équipe d'experts pour éplucher le plan de stabilisation que doit appliquer le gouvernement grec pour réduire ses déficits publics, les autorités du pays affichent une vertu à toute épreuve. « Le Premier ministre nous a demandé de prendre des décisions immédiates pour mener à bien tout le programme des grands changements en trois ans, cela signifie que l'adaptation budgétaire sera réalisée en trois ans », a indiqué mardi le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou. En clair, le déficit serait ramené à moins de 3 % du PIB en 2012, selon les critères du pacte de stabilité européen, soit un an plus tôt que ce qui était prévu initialement.La route risque toutefois d'être périlleuse. La Grèce a accusé un déficit public en 2009 représentant 12,7 % du PIB. Sans mesures, il aurait excédé les 15 % en 2010. L'objectif du gouvernement socialiste grec est de le réduire, dés cette année, de 4 % puis de 3 % les années suivantes, grâce à son programme national de stabilité et de croissance (voir encadré). Ce sont les mesures qu'il contient qui vont être évaluées et amendées par les experts bruxellois pour atteindre l'objectif.objectif contradictoireMembre de la zone euro, la Grèce se voit stigmatisée par ses 15 partenaires pour son manque de sérieux chronique à maîtriser ses finances publiques. D'où vient ce mal endémique ? « Les structures sociales et politiques du pays sont les mêmes depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un fonctionnement reposant sur un double objectif contradictoire : la reproduction des élites et une politique des mesures d'apaisement pour le peuple », explique Dimitri Uzunidis, professeur d'économie à l'université du Littoral (Dunkerque), spécialiste de l'économie de la Grèce.La nécessité d'agir du gouvernement socialiste grec a été imposée en urgence par les marchés financiers avec une prime de risque sur les emprunts de l'État grec qui s'est accrue, atteignant jusqu'à 220 points de base en décembre avec les bunds à 10 ans allemands, la référence européenne. Cela s'est traduit par la dégradation de la note de sa dette souveraine par les grandes agences de notation, Fitch, Standard and Poors et Moody's.Parmi les mesures, figure en bonne place la lutte contre la fraude fiscale. « Le problème n'est pas tant le taux d'imposition ou l'assiette que l'économie informelle et les détournements de capitaux », souligne Dimitri Uzunidis. Sans compter les bénéficiaires d'une exonération pure et simple dont bénéficient, par exemple, les armateurs et l'Église orthodoxe.L'autre grande mesure concerne la fonction publique, où l'âge de la retraite va être reculé à 65 ans et les départs à la retraite ne seront pas remplacés. La Grèce compte 700.000 fonctionnaires pour une population de quelque 11 millions d'habitants. « Il faut ajouter les employés des collectivités territoriales, les mairies, ceux qui travaillent sous contrat privé pour le secteur public, devenus quasiment intouchables, et les CDD. Au total, c'est plus d'un million de personnes qui dépendent directement du secteur public pour leur emploi », remarque Dimitri Uzunidis.L'acceptation du plan par l'UE est aussi une garantie d'emprunt pour la Grèce. Après avoir levé 67 milliards d'euros l'année dernière, Athènes a besoin d'emprunter 54 milliards d'euros cette année. Avec une situation digne d'Atlas. La Grèce croule sous le poids d'une dette qui devrait cette année représenter 125 % de son PIB. La part la plus élevée de l'Europe. n La Grèce se voit stigmatisée par ses 15 partenaires pour son manque de sérieux chronique à maîtriser ses finances publiques. L'acceptation du plan par l'Union européenne est aussi une garantie d'emprunt pour la Grèce. Athènes a besoin d'emprunter 54 milliards d'euros cette année. Infographie2cols 187mm
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