La « Job machine » du Canada s'est remise en route

Sur la route de Mississauga, à la sortie de Toronto, les grues sont à l'oeuvre, pour construire encore plus d'immeubles de bureau et d'habitation. Pas de crise de l'immobilier ici, au Canada. Pas de crise économique non plus ? selon les dernières statistiques officielles, la croissance du PIB aura été de 0,4 % en novembre dernier ? et, surtout, pas de crise de l'emploi. La preuve, malgré un léger à coup en novembre, l'économie canadienne a créé en moyenne 20.000 nouveaux postes mensuellement sur les cinq derniers mois. En décembre, les créations d'emplois auront été de 43.000, selon les chiffres publiés vendredi, soit trois fois plus que ce que prévoyaient les analystes, et le taux de chômage, à 8,6 % durant la récession, a déjà reculé à 8,3 % . Certes, l'industrie automobile, très présente dans l'Ontario, la province voisine du Michigan, a été touchée, et les usines ne tournent pas encore à plein régime. Mais le reste de l'économie, des mines à la construction en passant par les services, est déjà reparti. « La demande interne reste bonne », explique Avery Shenfeld, chef économiste de la banque canadienne CIBC. Si le Canada n'a pas échappé à la crise économique mondiale, d'autant qu'il dépend largement du grand voisin américain pour ses exportations (le flux des ventes vers les États-Unis n'a d'ailleurs récupéré ces derniers mois que 15 % de son total habituel), il a été relativement épargné. « L'économie se portait bien avant la crise mondiale, et les actifs de ménages, en particulier immobiliers, ont résisté », note de son côté Pascal Gauthier, économiste à la banque Toronto Dominion. Il n'y a pas eu de crise bancaire au Canada, et le cadre législatif n'a ainsi pas permis l'éclosion d'un marché des subprimes, de nature à créer une bulle des prix de l'immobilier. De plus, le plan de stimulation de l'économie mis en place par le gouvernement d'Ottawa, fondé en particulier sur des crédits d'impôt à la rénovation de l'habitat, qui viennent juste d'arriver à échéance, a dopé le marché qui entoure celui de l'immobilier. Seulement 400.000 emplois perdus pendant la récessionPourtant, les chiffres de l'emploi canadien restent un mystère. Compte tenu de la taille des deux économies, américaine et canadienne, il faut traditionnellement diviser par dix les statistiques. Or alors qu'aux Etats-Unis, entre le sommet et le creux du marché de l'emploi, les destructions de postes ont été de l'ordre de 7 à 8 millions, le Canada n'a enregistré qu'une perte de 400.000 postes. Certes, le marché du travail y est moins flexible qu'aux États-Unis, et les chômeurs bénéficient d'un filet de sécurité plus grand. Les consommateurs peuvent donc toujours dépenser. Mais certains économistes se demandent si la réponse à la question des créations d'emplois au Canada ne viendrait pas d'une faible productivité des salariés. De fait, la productivité canadienne est l'une des plus basses des économies du G7, devant l'Italie, mais derrière les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. « Certes, les gains de productivité ne sont pas assez forts au Canada, mais le mystère est plutôt à chercher du côté des États-Unis, relève cependant Avery Shenfeld : comment les Américains font-ils pour embaucher si peu, avec une croissance plus forte que la nôtre et un retour de la production ? ».
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