Bourse : le risque politique dicte sa loi aux marchés

Un vent de panique souffle sur les marchés européens. L'indice Dow Jones Stoxx 600 a décroché de 3 % cette semaine, sa plus forte chute hebdomadaire depuis mars 2009. À tel point qu'à l'exception de la Russie, l'ensemble des places boursières européennes accusent à présent des chutes depuis le début de l'année, chutes comprises entre 3,77 % (pour la Suisse) et 15 % (pour l'Espagne). Il faut dire que les investisseurs sont confrontés à de nouvelles craintes depuis quelques semaines, le risque politique, qui balaie tout sur son passage. Les résultats du quatrième trimestre des entreprises américaines ont beau être supérieurs aux prévisions des analystes dans 80 % des cas, le marché n'en a cure. De la même façon qu'il fait fi des bonnes statistiques macroéconomiques, qu'il s'agisse de la hausse de la confiance des consommateurs, des commandes de biens durables dépassant les attentes des économistes, ou bien encore du produit intérieur bru t(PIB) américain, ressorti à 5,7 % au quatrième trimestre 2009, au lieu des 4,8 % anticipés. « La nervosité des marchés est essentiellement imputable à l'augmentation des risques politiques », insiste la société de gestion ING Investment Management.Mais qu'entend-on par risque politique ? De façon générale, les risques dits politiques concernent principalement les risques de conflits, de mouvements sociaux, d'attentats, de non-remboursement des dettes souveraines, et d'évolution des cadres réglementaires nationaux. En ce début 2010, ce sont ces deux dernières catégories de risques politiques qui terrifient les marchés. Les difficultés financières de la Grèce, dont la dette publique devrait représenter pas moins de 120 % du PIB cette année, ont jeté la lumière sur les déficits et l'endettement d'autres pays, comme le Portugal et l'Espagne, dont les investisseurs redoutent désormais qu'ils ne puissent honorer leurs dettes. Risque de non-remboursementEn même temps que ce risque de non-remboursement des emprunts d'État est apparue une probable évolution de la réglementation des banques américaines, le président Obama souhaitant notamment limiter leurs opérations pour compte propre. « Cette réforme, si elle était menée à son terme, déboucherait sur une rentabilité beaucoup plus faibles des banques, ce qui pourrait inciter ces dernières à prêter moins », s'inquiète la société de gestion EFG Asset Management France. À prêter moins, et donc à tuer dans l'oeuf l'embryon de reprise économique mondiale. Dans la même veine, le marché s'alarme de la décision de la Chine de rehausser le montant des réserves obligatoires de ses banques, afin de limiter leur propension à prêter à tour de bras aux acteurs économiques. « Avec une telle présence des États dans le capital des grandes entreprises internationales, notamment dans les banques, il est évident qu'aux risques financier et économique s'ajoute un risque politique : celui de voir un ou plusieurs États modifier arbitrairement les règles du jeu, soit au travers de la fiscalité, soit via une réglementation nouvelle », explicite EFG AM France. Et de poursuivre : « Ce risque est par nature imprévisible. Imaginez jouer à un jeu dont les règles seraient constamment modifiées au cours de la partie. Il y a fort à parier qu'au bout d'un moment, vous quitteriez la table. » C'est bien ce que font actuellement les investisseurs, qui se détournent des actifs risqués. Et peut-être pour un bon moment : « Les risques politiques ne devraient pas disparaître dans un avenir prévisible », affirme ING IM. C'est dire si les marchés pourraient demeurer volatils dans les prochains mois.
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